Skanker Posté(e) 9 décembre 2004 Posté(e) 9 décembre 2004 Je me sens d'humeur poete aujourd'hui ! bon alors je commencerais par un grand classique : Le dormeur du val C'est un trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. A.Rimbaud Pas specialement beau mais tellement evocateur ...
Sergio Posté(e) 9 décembre 2004 Posté(e) 9 décembre 2004 Jules Laforgue L'hiver qui vient Blocus sentimental! Messageries du Levant!... Oh, tombée de la pluie! Oh! tombée de la nuit, Oh! le vent!... La Toussaint, la Noël et la Nouvelle Année, Oh, dans les bruines, toutes mes cheminées!... D'usines... On ne peut plus s'asseoir, tous les bancs sont mouillés; Crois-moi, c'est bien fini jusqu'à l'année prochaine, Tant les bancs sont mouillés, tant les bois sont rouillés, Et tant les cors ont fait ton ton, ont fait ton taine!... Ah, nuées accourues des côtes de la Manche, Vous nous avez gâté notre dernier dimanche. Il bruine; Dans la forêt mouillée, les toiles d'araignées Ploient sous les gouttes d'eau, et c'est leur ruine. Soleils plénipotentiaires des travaux en blonds Pactoles Des spectacles agricoles, Où êtes-vous ensevelis? Ce soir un soleil fichu gît au haut du coteau Git sur le flanc, dans les genêts, sur son manteau, Un soleil blanc comme un crachat d'estaminet Sur une litière de jaunes genêts De jaunes genêts d'automne. Et les cors lui sonnent! Qu'il revienne... Qu'il revienne à lui! Taïaut! Taîaut! et hallali! Ô triste antienne, as-tu fini!... Et font les fous!... Et il gît là, comme une glande arrachée dans un cou, Et il frissonne, sans personne!... Allons, allons, et hallali! C'est l'Hiver bien connu qui s'amène; Oh! les tournants des grandes routes, Et sans petit Chaperon Rouge qui chemine!... Oh! leurs ornières des chars de l'autre mois, Montant en don quichottesques rails Vers les patrouilles des nuées en déroute Que le vent malmène vers les transatlantiques bercails!... Accélérons, accélérons, c'est la saison bien connue, cette fois. Et le vent, cette nuit, il en a fait de belles! Ô dégâts, ô nids, ô modestes jardinets! Mon coeur et mon sommeil: ô échos des cognées!... Tous ces rameaux avaient encor leurs feuilles vertes, Les sous-bois ne sont plus qu'un fumier de feuilles mortes; Feuilles, folioles, qu'un bon vent vous emporte Vers les étangs par ribambelles, Ou pour le feu du garde-chasse, Ou les sommiers des ambulances Pour les soldats loin de la France. C'est la saison, c'est la saison, la rouille envahit les masses, La rouille ronge en leurs spleens kilométriques Les fils télégraphiques des grandes routes où nul ne passe. Les cors, les cors, les cors mélancoliques!... Mélancoliques!... S'en vont, changeant de ton, Changeant de ton et de musique, Ton ton, ton taine, ton ton!... Les cors, les cors, les cors!... S'en sont allés au vent du Nord. Je ne puis quitter ce ton: que d'échos!... C'est la saison, c'est la saison, adieu vendanges!... Voici venir les pluies d'une patience d'ange, Adieu vendanges, et adieu tous les paniers, Tous les paniers Watteau des bourrées sous les marronniers, C'est la toux dans les dortoirs du lycée qui rentre, C'est la tisane sans le foyer, La phtisie pulmonaire attristant le quartier, Et toute la misère des grands centres. Mais, lainages, caoutchoucs, pharmacie, rêve, Rideaux écartés du haut des balcons des grèves Devant l'océan de toitures des faubourgs, Lampes, estampes, thé, petits-fours, Serez-vous pas mes seules amours!... (Oh! et puis, est-ce que tu connais, outre les pianos, Le sobre et vespéral mystère hebdomadaire Des statistiques sanitaires Dans les journaux?) Non, non! C'est la saison et la planète falote! Que l'autan, que l'autan Effiloche les savates que le Temps se tricote! C'est la saison, oh déchirements! c'est la saison! Tous les ans tous les ans, J'essaierai en chur d'en donner la note.
connemara Posté(e) 9 décembre 2004 Posté(e) 9 décembre 2004 Je vous parle d'un temps Que les moins de vingt ans Ne peuvent pas connaître Montmartre en ce temps-là Accrochait ses lilas Jusque sous nos fenêtres Et si l'humble garni Qui nous servait de nid Ne payait pas de mine C'est là qu'on s'est connu Moi qui criait famine Et toi qui posais nue La bohème, la bohème Ça voulait dire on est heureux La bohème, la bohème Nous ne mangions qu'un jour sur deux Dans les cafés voisins Nous étions quelques-uns Qui attendions la gloire Et bien que miséreux Avec le ventre creux Nous ne cessions d'y croire Et quand quelque bistro Contre un bon repas chaud Nous prenait une toile Nous récitions des vers Groupés autour du poêle En oubliant l'hiver La bohème, la bohème Ça voulait dire tu es jolie La bohème, la bohème Et nous avions tous du génie Souvent il m'arrivait Devant mon chevalet De passer des nuits blanches Retouchant le dessin De la ligne d'un sein Du galbe d'une hanche Et ce n'est qu'au matin Qu'on s'asseyait enfin Devant un café-crème Epuisés mais ravis Fallait-il que l'on s'aime Et qu'on aime la vie La bohème, la bohème Ça voulait dire on a vingt ans La bohème, la bohème Et nous vivions de l'air du temps Quand au hasard des jours Je m'en vais faire un tour A mon ancienne adresse Je ne reconnais plus Ni les murs, ni les rues Qui ont vu ma jeunesse En haut d'un escalier Je cherche l'atelier Dont plus rien ne subsiste Dans son nouveau décor Montmartre semble triste Et les lilas sont morts La bohème, la bohème On était jeunes, on était fous La bohème, la bohème Ça ne veut plus rien dire du tout
will_n°8 Posté(e) 9 décembre 2004 Posté(e) 9 décembre 2004 Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir, Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir ; Si tu peux être amant sans être fou d'amour, Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre Et, te sentant haï sans haïr à ton tour, Pourtant lutter et te défendre ; Si tu peux supporter d'entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter des sots, Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle, Sans mentir toi-même d'un seul mot ; Si tu peux rester digne en étant populaire, Si tu peux rester peuple en conseillant les rois Et si tu peux aimer tous tes amis en frère Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ; Si tu sais méditer, observer et connaître Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ; Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître, Penser sans n'être qu'un penseur ; Si tu peux être dur sans jamais être en rage, Si tu peux être brave et jamais imprudent, Si tu sais être bon, si tu sais être sage Sans être moral ni pédant ; Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite Et recevoir ces deux menteurs d'un même front, Si tu peux conserver ton courage et ta tête Quand tous les autres les perdront, Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire, Tu seras un Homme, mon fils. Rudyard Kipling
sylvia Posté(e) 9 décembre 2004 Posté(e) 9 décembre 2004 Non, ce n'était pas le radeau De la Méduse, ce bateau Qu'on se le dise au fond des ports Dise au fond des ports Il naviguait en pèr' peinard Sur la grand-mare des canards Et s'app'lait les Copains d'abord Les Copains d'abord Ses fluctuat nec mergitur C'était pas d'la litterature N'en déplaise aux jeteurs de sort Aux jeteurs de sort Son capitaine et ses mat'lots N'étaient pas des enfants d'salauds Mais des amis franco de port Des copains d'abord C'étaient pas des amis de luxe Des petits Castor et Pollux Des gens de Sodome et Gomorrhe Sodome et Gomorrhe C'étaient pas des amis choisis Par Montaigne et La Boetie Sur le ventre ils se tapaient fort Les copains d'abord C'étaient pas des anges non plus L'Évangile, ils l'avaient pas lu Mais ils s'aimaient tout's voil's dehors Tout's voil's dehors Jean, Pierre, Paul et compagnie C'était leur seule litanie Leur Credo, leur Confiteor Aux copains d'abord Au moindre coup de Trafalgar C'est l'amitié qui prenait l'quart C'est elle qui leur montrait le nord Leur montrait le nord Et quand ils étaient en détresse Qu'leurs bras lancaient des S.O.S. On aurait dit les sémaphores Les copains d'abord Au rendez-vous des bons copains Y avait pas souvent de lapins Quand l'un d'entre eux manquait a bord C'est qu'il était mort Oui, mais jamais, au grand jamais Son trou dans l'eau n'se refermait Cent ans après, coquin de sort Il manquait encore Des bateaux j'en ai pris beaucoup Mais le seul qu'ait tenu le coup Qui n'ai jamais viré de bord Mais viré de bord Naviguait en père peinard Sur la grand-mare des canards Et s'app'lait les Copains d'abord Les Copains d'abord G. BRASSENS Les copains d'abord
ma2t Posté(e) 9 décembre 2004 Posté(e) 9 décembre 2004 bon la ca me casse vraiment les couilles tout ces topics d'intélectuel
zouille Posté(e) 9 décembre 2004 Posté(e) 9 décembre 2004 Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère, et l'amour est amer, L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer, Car la mer et l'amour ne sont point sans orage. Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage, Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer, Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer, Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage. La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau, Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes. Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes. Pierre de Marbeuf
connemara Posté(e) 10 décembre 2004 Posté(e) 10 décembre 2004 Un beau jour, ou peut-être une nuit, Près d'un lac je m'étais endormie, Quand soudain, semblant crever le ciel, Et venant de nulle part, Surgit un aigle noir, Lentement, les ailes déployées, Lentement, je le vis tournoyer, Près de moi, dans un bruissement d'ailes, Comme tombé du ciel, L'oiseau vint se poser, Il avait les yeux couleur rubis, Et des plumes couleur de la nuit, A son front brillant de mille feux, L'oiseau roi couronné, Portait un diamant bleu, De son bec il a touché ma joue, Dans ma main il a glissé son cou, C'est alors que je l'ai reconnu, Surgissant du passé, Il m'était revenu, Dis l'oiseau, ô dis, emmène-moi, Retournons au pays d'autrefois, Comme avant, dans mes rêves d'enfant, Pour cueillir en tremblant, Des étoiles, des étoiles, Comme avant, dans mes rêves d'enfant, Comme avant, sur un nuage blanc, Comme avant, allumer le soleil, Etre faiseur de pluie, Et faire des merveilles, L'aigle noir dans un bruissement d'ailes, Prit son vol pour regagner le ciel, Quatre plumes couleur de la nuit Une larme ou peut-être un rubis J'avais froid, il ne me restait rien L'oiseau m'avait laissée Seule avec mon chagrin Un beau jour, ou peut-être une nuit, Près d'un lac, je m'étais endormie, Quand soudain, semblant crever le ciel, Et venant de nulle part, Surgit un aigle noir, Un beau jour, une nuit, Près d'un lac, endormie, Quand soudain, Il venait de nulle part, Il surgit, l'aigle noir... Barbara
dennis Posté(e) 10 décembre 2004 Posté(e) 10 décembre 2004 autant parler de nouilles, ou cire de babybel, c'est vrai ça casse les couilles, ces trucs d'intellectuels Ma2t
connemara Posté(e) 10 décembre 2004 Posté(e) 10 décembre 2004 Bien sûr, ce n'est pas la Seine, Ce n'est pas le bois de Vincennes, Mais c'est bien joli tout de même, A Göttingen, à Göttingen. Pas de quais et pas de rengaines Qui se lamentent et qui se traînent, Mais l'amour y fleurit quand même, A Göttingen, à Göttingen. Ils savent mieux que nous, je pense, L'histoire de nos rois de France, Herman, Peter, Helga et Hans, A Göttingen. Et que personne ne s'offense, Mais les contes de notre enfance, "Il était une fois" commence A Göttingen. Bien sûr nous, nous avons la Seine Et puis notre bois de Vincennes, Mais Dieu que les roses sont belles A Göttingen, à Göttingen. Nous, nous avons nos matins blêmes Et l'âme grise de Verlaine, Eux c'est la mélancolie même, A Göttingen, à Göttingen. Quand ils ne savent rien nous dire, Ils restent là à nous sourire Mais nous les comprenons quand même, Les enfants blonds de Göttingen. Et tant pis pour ceux qui s'étonnent Et que les autres me pardonnent, Mais les enfants ce sont les mêmes, A Paris ou à Göttingen. O faites que jamais ne revienne Le temps du sang et de la haine Car il y a des gens que j'aime, A Göttingen, à Göttingen. Et lorsque sonnerait l'alarme, S'il fallait reprendre les armes, Mon cur verserait une larme Pour Göttingen, pour Göttingen. Mais c'est bien joli tout de même, A Göttingen, à Göttingen. Et lorsque sonnerait l'alarme, S'il fallait reprendre les armes, Mon cur verserait une larme Pour Göttingen, pour Göttingen. Barbara
Sergio Posté(e) 10 décembre 2004 Posté(e) 10 décembre 2004 Bobby Lapointe Ceci est une guitare... Je ne joue pas de la guitare classique. Je ne joue pas du Flamenco. Je joue de la guitare sommaire. Je suis professeur de guitare sommaire. Je ne suis pas ici pour vous distraire, mais pour instruire. Maintenant, s'il y en a que ça amuse de rire, je peux aussi distraire... Je peux instruire en 'distraisant.".. treize ans et demi maximum... Après je prends ma retraite. Petit cours de guitare sommaire : Une guitare...est un instrument... en forme de guitare...qui comporte six cordes. Si l'on partage la guitare en deux par le milieu (ce qui n'est pas à conseiller...) On obtient deux moitiés de guitare... et ...3 cordes d'un côté... 3 cordes de l'autre. Ces 3 cordes du haut s'appellent par conséquent les basses.. en guitare "classique" ! En guitare "sommaire" on ne les appelle pas : on les ignore ! La grosse difficulté de la guitare sommaire est d'éviter de toucher à ces cordes du haut qu'on appelle "les basses." Pour ce : ne tripotons pas la guitare avec tous les doigts... Servons nous uniquement du pouce... Comme son nom l'indique "Pouce" ça ne compte pas. Pouce, c'est pour rire : Ah ! Ah ! Ah ! Ah !... Assez ri : 1re leçon : Les deux accords : en guitare sommaire, nous avons deux accords. C'est beaucoup... Ce n'est pas trop. Pour effectuer ces deux accords, nous avons une main gauche avec un pouce (qui ne compte pas... ah ! ah !) et un index. Avec l'index, nous viendrons appuyer sur les cordes à proximité (c'est-à-dire pas trop loin). Soit sur cette corde-ci (que nous appellerons la corde "si"), soit sur cette corde-là que nous appellerons donc la corde "mi") et, nous obtiendrons les deux accords suivants : bling et blang !... C"est très facile : bling... (c'est facile mais il ne faut pas toucher la corde à côté...) Bling !... et blang !... (comme j'ai montré tout à l'heure). Exercice pour la prochaine fois. Sur un cahier propre : Dix lignes de "bling" Dix lignes de "blang."
max Posté(e) 10 décembre 2004 Posté(e) 10 décembre 2004 Non, ce n'était pas le radeau De la Méduse, ce bateau Qu'on se le dise au fond des ports Dise au fond des ports Il naviguait en pèr' peinard Sur la grand-mare des canards Et s'app'lait les Copains d'abord Les Copains d'abord etc ... <{POST_SNAPBACK}> Je l'ai chantée à tous mes enfants quand ils étaient petits pour les endormir et actuellement je le fais encore pour le petit dernier. avec d'autres de Brassens. Autant dire que je la connais bien par coeur !
connemara Posté(e) 10 décembre 2004 Posté(e) 10 décembre 2004 De Boris Vian.... chanté par Joan Baez et aussi par Catherine Sauvage A tous les enfants qui sont partis le sac à dos Par un brumeux matin d'avril Je voudrais faire un monument A tous les enfants qui ont pleuré le sac au dos Les yeux baissés sur leurs chagrins Je voudrais faire un document Pas de pierre, pas de béton, ni de bronze qui devient vert sous la morsure aiguë du temps Un monument de leur souffrance Un monument de leur terreur Aussi de leur étonnement Voilà le monde parfumé, plein de rires, plein d'oiseaux bleus, soudain griffé d'un coup de feu Un monde neuf où sur un corps qui va tomber grandit une tache de sang Mais à tous ceux qui sont restés les pieds au chaud, sous leur bureau en calculant le rendement de la guerre qu'ils ont voulue A tous les gras, tous les cocus qui ventripotent dans la vie et comptent et comptent leurs écus A tous ceux-là je dresserai le monument qui leur convient avec la schlague avec le fouet, avec mes pieds, avec mes poings Avec des mots qui colleront sur leurs faux-plis, sur leurs bajoues, des marques de honte et de boue.
Sergio Posté(e) 10 décembre 2004 Posté(e) 10 décembre 2004 la complainte du progrès Interprété par Boris Vian Autrefois pour faire sa cour On parlait d'amour Pour mieux prouver son ardeur On offrait son cur Maintenant c'est plus pareil Ça change, ça change Pour séduire le cher ange On lui glisse à l'oreille - Ah, Gudule! Viens m'embrasser Et je te donnerai Un frigidai-reu Un joli scootai-reu Un atomixai-reu Et du Dunlopillo Une cuisiniè-reu Avec un four en ver-reu Des tas de couvai-reu Et des pellagâteaux Une tourniquette Pour faire la vinaigrette Un bel aérateur Pour bouffer les odeurs Des draps qui chauffent Un pistolet à gaufres Un avion pour deux Et nous serons heureux Autrefois, s'il arrivait Que l'on se querelle L'air lugubre on s'en allait En laissant la vaisselle Maintenant, que voulez-vous La vie est si chère On dit rentre chez ta mère Et l'on se garde tout - Ah, Gudule! Excuse-toi Ou je reprends tout ça Mon frigidaire Mon armoire à cuillères Mon evier en fer-reu Et mon poêle à mazout Mon cire-godasses Mon repasse-limaces Mon tabouret à glace Et mon chasse-filous La tourniquette A faire la vinaigrette Le ratatine-ordures Et le coupe-friture Et si la belle Se montre encor cruelle On la fiche dehors Pour confier son sort Au frigidai-reu A l'efface-poussiè-reu A la cuisiniè-reu Au lit qu'est toujours fait Au chauffe-savates Au canon à patates A l'eventre-tomates A l'écorche-poulet Mais très très vite On reçoit la visite D'une tendre petite Qui vous offre son cur Alors on cède Car il faut qu'on s'entraide Et l'on vit comme ça Jusqu'à la prochaine fois Et l'on vit comme ça Jusqu'à la prochaine fois
ma2t Posté(e) 10 décembre 2004 Posté(e) 10 décembre 2004 autant parler de nouilles, ou cire de babybel, c'est vrai ça casse les couilles, ces trucs d'intellectuels Ma2t <{POST_SNAPBACK}>
gnafron Posté(e) 13 décembre 2004 Posté(e) 13 décembre 2004 Voici le printemps, La douceur du temps Nous fait des avances Partez mes enfants Vous avez vingt ans Partez en vacances Vous verrez agiles Sur londe tranquille Les barques dociles Au bras des amants De fraîches guinguettes Des filles bien faîtes Les frites sont prêtes Et ya du vin blanc Ah! le petit vin blanc Quon boit sous les tonnelles Quand les filles sont belles Du côté de Nogent. Et puis de temps en temps Un air de vieille romance Semble donner la cadence Pour fauter, pour fauter, Dans les bois, dans les prés Du côté, du côté de Nogent Suivons le conseil, Monsieur le Soleil Connaît son affaire Cueillons en chemin Ce minois mutin Cette robe claire Venez belle fille Soyez bien gentille Là sous le charmille LAmour nous attend Les tables sont prêtes Laubergiste hônnète Ya des chansonnettes Et ya du vin blanc A ces yeux charmants La taille souvent Prend de lavantage. Ca cest pas méchant Ca finit tout le temps Par un mariage Le gros de laffaire Cest lorsque la mère Demande sévère A la jeune enfant : Ma fille raconte Comment triste honte As-tu fais ton compte ? Réponds, je tattend ... Car cest toujours pareil Tant quil y aura du soleil On verra les amants au printemps Sen aller pour fauter, Dans les bois , dans les prés Du côté, du côté de Nogent
Sergio Posté(e) 13 décembre 2004 Posté(e) 13 décembre 2004 Charles Trenet 1 - Dans ma rue, y a deux boutiques Dans l'une on vend de l'eau dans l'autre on vend du lait La première n'est pas sympathique Mais la seconde en revanche où l'on vend du lait l'est Et c'est pour ça que tous les passants La montrent du doigt en disant Ah qu'il est beau le débit de lait Ah qu'il est laid le débit de l'eau Débit de lait si beau débit de l'eau si laid S'il est un débit beau c'est bien le beau débit de lait Au débit d'eau y a le beau Boby Au débit de lait y a la belle Babée Ils sont vraiment gentils chacun dans leur débit Mais le Boby et la Babée sont ennemis Car les badauds sont emballés Par les bidons de lait de Babée Mais l'on maudit le lent débit Le lent débit des longs bidons du débit d'eau de Boby Aussi Babée ses bidons vidés Elle les envoie sur le dos de Boby Et Boby lui répond En vidant les bidons Les bidons d'eau de son débit et allez donc Les bidons d'eau de son débit et allez donc. 2 - Dans ma rue y a un mariage Celui du beau Boby et de la belle Babée Les voilà tous deux en ménage Le débit d'eau épouse le grand beau débit de lait Ils ont repeint leur boutique en blanc Et chacun dit en y allant Ah qu'il est beau le débit de lait Ah quel palais le débit de l'eau Débit de lait si beau, débit de lait palais S'il est un débit beau c'est bien le beau débit de lait Boby a mis du lait dans son eau Et la Babée de l'eau dans son lait Ils ont enfin compris que leurs débits unis Font le plus grand le plus joli des beaux débits Et les badauds sont emballés Par les bidons de lait de Babée Oui mais Boby garde pour lui Les deux plus beaux bidons de lait de la Babée jolie Et maintenant si vous y alliez Vous entendriez de joyeux babils De deux beaux bébés blonds Qui font tomber d'un bond Tous les bidons d'eau et de lait de la maison Tous les bidons d'eau et de lait de la maison. Ils se battent à coups de beaux bidons Chez Boby et chez Babée et allez donc.
Floolf Posté(e) 13 décembre 2004 Posté(e) 13 décembre 2004 Sur le collier du chien que tu laisses au mois d'août Sur la vulgarité de tes concours de pets Sur l'étendard nazi et sur le drapeau rouge Sur la rosette au coin du vieillard officiel Sur les blousons kaki, sur les képis dorés Sur le cul blanc des féministes Sur le mandrin des misogynes Sur le béret obtus des chauvins aveuglés Sur la croix des cathos, le croâ des athées Sur tous les bulletins et sur toutes les urnes Où les crétins votants vont se faire entuber Sur l'espoir en la gauche Sur la gourmette en or de mon coiffeur de droite Sur la couenne des connes aplaties sur les plages Sur l'asphalte encombré de cercueils à roulettes Sur les flancs blancs d'acier des bombes à neutron Que tu t'offres à prix d'or sur tes impôts forcés Sur la sébile humiliante et dérisoire Qu'il faut tendre pourtant à tous les carrefours Pour aider à freiner l'ardeur des métastases Sur le mur de la honte et sur les barbelés Sur les fronts dégarnis des commémorateurs Pleurant au cimetière qu'ils ont eux-mêmes empli Sur le petit écran qui bave encore plus blanc Sur l'encéphalogramme éternellement plat Des musclés, des Miss France et des publicitaires Sur l'étendard vainqueur de la médiocrité Qui flotte sur les ondes hélas abandonnées Aux moins méritants des handicapés mentaux Sur la Bible et sur Mein Kampf Sur le Coran frénétique Sur le missel des marxistes Sur les choux-fleurs en trop balancés aux ordures Quand les enfants d'Afrique écartelés de faim Savent que tu t'empiffres à mourir éclaté Sur le nuage Sur la lune Sur le soleil atomique Sur le cahier d'écolier de mes enfants irradiés J'écris ton nom HOMME. Pierre Desproges
kike Posté(e) 13 décembre 2004 Posté(e) 13 décembre 2004 Ronsard, ah Ronsard... Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. » Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, Bénissant votre nom, de louange immortelle. Je serai sous la terre et, fantôme sans os, Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
kike Posté(e) 13 décembre 2004 Posté(e) 13 décembre 2004 et puis Du Bellay, bien sur : Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront, Ceux qui aiment l'honneur, chanteront de la gloire, Ceux qui sont près du roi, publieront sa victoire, Ceux qui sont courtisans, leurs faveurs vanteront, Ceux qui aiment les arts, les sciences diront, Ceux qui sont vertueux, pour tels se feront croire, Ceux qui aiment le vin, deviseront de boire, Ceux qui sont de loisir, de fables écriront, Ceux qui sont médisants, se plairont à médire, Ceux qui sont moins fâcheux, diront des mots pour rire, Ceux qui sont plus vaillants, vanteront leur valeur, Ceux qui se plaisent trop, chanteront leur louange, Ceux qui veulent flatter, feront d'un diable un ange : Moi, qui suis malheureux, je plaindrai mon malheur.
Sergio Posté(e) 13 décembre 2004 Posté(e) 13 décembre 2004 Stances de Corneille à Marquise : Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux Souvenez-vous qu'à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux. Le temps aux plus belles choses se plaît à faire un affront, Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front. Le même cours des planètes règle nos jours et nos nuits : On m'a vu ce que vous êtes Vous serez ce que je suis. Chute créee par Tristan Bernard : Peut-être que je serai vieille Répond Marquise cependant J'ai vingt six ans mon vieux Corneille Et je t'emmerde en attendant. Le tout a été chanté par Georges.
kike Posté(e) 13 décembre 2004 Posté(e) 13 décembre 2004 et un peu de Clément Marot Adieu la cour, adieu les dames, Adieu les filles et les femmes, Adieu vous dis pour quelques temps, Adieu vos plaisants passetemps ; Adieu le bal, adieu la danse, Adieu mesure, adieu cadence, Tambourin, haubois et violons, Puisqu'à la guerre nous allons. Adieu les regards gracieux, Messagers des coeurs soucieux ; Adieu les profondes pensées, Satisfaites ou offensées ; Adieu les harmonieux sons De rondeaux, dizains et chansons ; Adieu piteux département, Adieu regrets, adieu tourment, Adieu la lettre, adieu le page, Adieu la cour et l'équipage, Adieu l'amitié si loyale, Qu'on la pourrait dire royale, Etant gardée en ferme foi Par ferme coeur digne de roi. Adieu ma mie la dernière, En vertus et beauté première ; Je vous prie me rendre à présent Le coeur dont je vous fis présent, Pour, en la guerre où il faut être, En faire service à mon maître. Or quand de vous se souviendra, L'aiguillon d'honneur l'époindra Aux armes et vertueux faits : Et s'il en sortait quelque effet Digne d'une louange entière, Vous en seriez seule héritière. De votre coeur donc se souvienne, Car si dieu veut que je revienne, Je le rendrai en ce beau lieu. Or je fais fin à mon adieu.
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