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Le truc dont tout le monde se branle...


ClarkGaybeul

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il y a 9 minutes, Alfcat a dit :

Pour le reste, l'émotionnel doit-il l'emporter sur l'analyse des faits, qu'ils soient avérés, supposés, imaginés? La Justice est une chose froide car neutre. 

Et si tu réduis le droit à  défense, tu reduiras aussi le droit à accuser.

 

mais en quoi faire passer la victime pour une trainée (ou une folle) c'est froid, neutre ou des faits ou quoique ce soit qui ait à voir avec le fait qu'elle a subi des viols en masse ? est-ce que c'est pas juste une histoire de morale et d'émotionnel justement ? la traiter d'exhibitionniste ça a quoi à voir avec tout ça à part sous entendre qu'elle l'a cherché ?

au fond, à quoi sert  la défense ? à s'assurer que les accusés soient jugés dans le respect de leurs droits et du droit en général ou à tordre la réalité et pourrir la victime parce que le seul truc important c'est de les acquitter à n'importe quel prix ?

y'a un truc dans le serment des avocats sur la dignité et un tas de valeurs du genre, est-ce que c'est ce qu'on voit là ?

t'as coupé mon post mais dans quel autre domaine on voit un tel acharnement sur les victimes ? est-ce qu'on a ça pour les victimes de cambriolage ?

pardon ça fait beaucoup de questions :grin: 

mais pour le coup c'est un débat que je vois aussi passer entre avocats sur les réseaux donc c'est pas si évident ou simple (ou ainsi) -_- 

Lien vers le commentaire

C'est long mais important. Portrait des 50 mecs, qui pourraient être vos frères, vos pères, vos fils, vos collègues, vos amis, vos voisins, des forumeurs, nous tous.
 

https://www.laprovence.com/article/faits-divers-justice/1515082270261414/ils-sont-les-50-de-mazan-les-portraits-detailles-des-accuses-de-viols
 

Ils sont les "50 de Mazan" : les portraits détaillés des accusés de viols

Ils ont entre 26 et 73 ans. Ils ont des frères et sœurs, des voisins, des compagnes, des enfants. Ils sont maçon, jardinier, journaliste, précaire, infirmier, militaire, ingénieur, gardien de prison, retraité, pompier, conseiller municipal... Ils n’ont pas de pathologie mentale et pour la plupart, pas d’antécédents judiciaires. Certains ont été victimes avant d’être bourreaux. Leurs vies sont à la fois singulières et banales. Ils sont 50, ils sont un peu tout le monde. Ils sont tous accusés de viol.

Depuis l’ouverture du procès, on les appelle les "50". Sous la figure tutélaire de Dominique Pelicot - l’homme qui a orchestré cette effroyable collection de viols commis pendant une dizaine d’années sur son épouse inconsciente - ils forment jusqu’ici une grande masse muette. Des silhouettes fuyantes qui s’alignent tous les matins sur les bancs de la cour criminelle et assistent aux premiers pas de ce procès retentissant érigé en affaire de société mais qui est aussi le leur.

Ils sont maçon, jardiner, responsables d’entreprise, journaliste, précaires, sans emploi, sous tutelle... Certains œuvrent dans le soin ou ont des professions dites d’utilité publique : infirmier, militaire, sapeur-pompier, gardien de prison, conseiller municipal... Ils viennent presque tous de la région du Vaucluse, sont voisins ou habitent à quelques kilomètres du couple Pelicot. Une majorité n’a pas de casier judiciaire, quelques-uns ont déjà été condamnés, notamment pour des violences conjugales. Cinq d’entre eux font l’objet d’une mise en examen supplétive : au cours de la perquisition de leurs ordinateurs, les policiers ont exhumé de grandes quantités d’images d’exploitation d’enfants.

Ils ont entre 26 et 73 ans. D’eux, on a vu, lu, entendu qu’ils formaient un kaléidoscope de la société française, qu’ils étaient "Monsieur Tout le Monde", du moins en apparence. Que l’échelle inédite où se situe ce scandale sexuel permettait de conclure qu’il n’existe pas de "profil-type". Que les violences sexuelles sont tapies partout, qu’elles peuvent surgir de n’importe où, frapper dans n’importe quel milieu. Et c’est vrai.

Il restait à l’illustrer de la façon la plus saisissante possible. Afin que chacun puisse s’en rendre compte, La Provence a donc pris le parti d’à la fois montrer cette masse et de la détailler en individualisant les "50" pour emplir de leurs portraits six pages complètes de cette édition. En gardant à l’esprit qu’il en aurait fallu encore deux supplémentaires pour la vingtaine d’autres violeurs de Gisèle Pelicot, comptabilisés mais jamais identifiés et qui ne répondront pas de leurs actes. Pour chacun des accusés, a été réalisé un texte mettant en rapport son parcours de vie et sa personnalité avec les faits qui lui sont reprochés. Afin de préserver leurs proches et de ne pas nuire à la sérénité du débat judiciaire, la rédaction a fait le choix de ne pas donner leurs noms complets. Ce détail n’a pas été jugé essentiel au regard du but poursuivi.

Ce format inédit veut avant tout contribuer à ouvrir les yeux sur une réalité que la diversité et la banalité des parcours des accusés nous forcent à regarder en face : il existe bel et bien une culture du viol durablement ancrée dans le système de domination patriarcal comme l’analyse l’historienne Christelle Taraud, spécialiste des violences de genre dans l’entretien qu’elle nous a accordé (en page7). On le ressent dans la conception douteuse de la notion de consentement exprimée par les accusés dans leurs auditions. Ce qui conduit 35 d’entre eux - qui ne nient pas les relations sexuelles avec une femme inconsciente - à plaider non coupable, estimant avoir été dupés.

Quelques-uns se disent même "victime" dans cette affaire qui démontre qu’avec la complicité de certaines substances chimiques et l’entremise d’internet, on peut trouver partout, des hommes susceptibles de prendre possession du corps d’une femme inconsciente et de la traiter "comme un sac-poubelle" pour reprendre l’expression de Gisèle Pelicot. Avec courage et dignité, la victime a choisi de montrer son visage, que soient exposées les sévices qu’elle a subies, que rien ne soit épargné à l’opinion publique. "Il faut que la honte change de camp", a-t-elle imploré au début du procès en endossant ce rôle bien lourd de symbole de la lutte contre les violences sexuelles. Consciente que nul ne peut se croire à l’abri tant que la société toute entière n’aura pas brisé le silence qui les entourent....

Jean-Luc L. 46 ans, menuisier
Entre 2018 et 2019, "Jean-Lucasiat" (son pseudonyme dans les vidéos), qualifié de discret, sympathique et travailleur par son entourage, s’est rendu à deux reprises à Mazan. Cet ouvrier menuisier dans une miroiterie au casier judiciaire vierge, né au Vietnam et arrivé en France à l’âge de 9 ans, était marié, père de quatre enfants nés de deux mères différentes.

Lors de sa deuxième audition, il a "demandé pardon" à sa victime, expliqué qu’il "ne savait pas qu’il commettait un viol dans la mesure où c’est le mari qui lui avait dit quoi faire". "Elle est à toi, vas-y, prends la tout doucement", l’avait guidé le mari lors de sa première visite. Aux enquêteurs, il a aussi avoué que Dominique Pelicot lui avait proposé d’endormir sa propre épouse. Jean-Luc L. a refusé.

Patrick A. 60 ans, sans emploi
Patrick A. a longtemps affirmé qu’il s’était déplacé pour avoir des relations avec Dominique Pelicot. Élevé par des parents conservateurs, homosexuel assumant mal son orientation - "un défaut" - il a été marié 18 ans avec une femme avant de divorcer. Il a deux enfants. L’ancien gérant de vidéoclub au casier vierge, a pourtant été reconnu sur une vidéo de viols commis sur Gisèle Pelicot.

À lire aussi : Procès des viols de Mazan : les crimes "hors du commun" d’un homme qui cultivait sa banalité
Pourquoi ? "Parce que Dominique Pelicot le lui avait demandé, qu’il voulait lui faire plaisir afin d’avoir ensuite un rapport avec lui", relate l’instruction. Sur internet, Dominique Pelicot lui avait expliqué "chercher un complice pervers pour abuser de ma femme endormie"."Elle prend elle-même son somnifère, j’en profite", s’était-il amusé. "Sans risque elle ne te verra même pas", avait-il convaincu sans mal son interlocuteur.

Patrice N. 55 ans, électricien
Un homme respectueux, affectueux, tendre, y compris dans les rapports sexuels. C’est le tableau de Patrice N. dressé par sa compagne. C’est pourtant ce même homme qui a été filmé, entièrement nu, en chaussette, en train d’abuser à plusieurs reprises Gisèle Pelicot dont on peut entendre les ronflements.

Dans sa première audition, il a soutenu n’être impliqué dans aucun viol, seulement s’être rendu à Mazan, chez un "taré" pour un "plan à trois" avec son épouse. Malgré les images, il a continué à nier car "c’était son mari qui proposait". La thèse du consentement s’est heurtée à un enregistrement : "Si jamais elle bougeait, tu pars, t’attends derrière la porte", lui ordonne Dominique Pelicot.

Sans antécédents judiciaires, l’électricien a fini par regretter la souffrance infligée à la victime, expliquant ne pas avoir eu conscience de ses actes et de leur gravité. "La femme, en tant qu’objet affectif et sexuel, occupe une place essentielle dans sa dynamique psychique", a tranché l’expertise.

Christian L. 55 ans, sapeur-pompier
Ce Marseillais de naissance, fils unique, qui a vécu "une jeunesse royale" à Carry, se livrait aux viols avec son uniforme siglé "sapeur-pompier de Vaucluse". Au moment des passages à l’acte criminel sur une femme comateuse, il prend le soin de chuchoter et d’éviter les gestes brusques comme recommandé par Dominique Pelicot. En garde à vue, le secouriste assure sans conviction que le mari lui avait promis que sa femme était "d’accord" mais trop "timide" pour assumer.

Dans une conversation interceptée alors qu’il est en détention, il demande, affolé, à son épouse de récupérer son ordinateur à la caserne car sinon, "on est parti pour des années".

Dans le disque dur de ce père de deux filles, dont le pseudo était "Chris le pompier" sur les sites de rencontres qu’il fréquentait assidûment, les policiers ont exhumé 728 images pédopornographiques, et même, retrouvé une négociation sur Skype avec une habitante de Metz pour qu’elle l’autorise à violer sa fille sédatée de 15 ans. "C’est une chasse aux sorcières", "pas l’affaire du siècle" s’est-il justifié auprès de ses parents.

Philippe L. 62 ans, jardinier
Au fil des différentes auditions, Philippe L. a changé plusieurs fois de version. Il était venu ce 7 juin 2018 en plein après-midi dans la maison de Mazan pour avoir des relations sexuelles avec l’épouse de Dominique Pelicot, avait-il déclaré dans un premier temps. Il s’est ensuite rétracté, affirmant qu’il pensait ce jour-là "voir de la lingerie, des vidéos pornographiques et discuter de son activité de jardinage". Il a nié puis reconnu les attouchements, le viol.

Cet électricien de formation au casier vierge, fan de rugby, n’a jamais pu se fixer affectivement et fréquentait les sites échangistes. Il s’est dit marqué par la découverte, à presque 40 ans, qu’il était né du viol de sa propre mère, alors âgée de 15 ans. Il a effectué 11 mois de détention provisoire.

Cyril B. 46 ans, chauffeur routier
Sur l’une des vidéos, on peut voir Cyril B. se retirer brusquement après un mouvement de sa victime, et se ranger du côté du lit pour se dissimuler. Pendant ce temps, Dominique Pelicot recouvrait sa femme avec la couette... Devant la juge, le chauffeur routier, libertin revendiqué au casier vierge, s’est dit piégé. Il a affirmé aux enquêteurs n’avoir "pas pris de plaisir" cette nuit-là, trouvant la situation "glauque".

Mais il a convenu ne pas avoir agi sous la contrainte, seulement avoir obéi à des "ordres". Il n’a manifesté aucune empathie à l’égard de la victime et estimé que leurs situations étaient équivalentes, car il avait lui aussi été dupé. En couple au moment des faits, ce fils de boulanger a fait 17 mois de détention provisoire.

Lionel R. 44 ans, vendeur
Ce jour-là, le natif de Paris ne "réfléchissait pas". Voilà l’explication donnée par Lionel R., père de trois enfants dépeint par ses proches comme "droit et honnête, un époux et un père aimant". Seules ombres au tableau : une addiction à l’alcool, qu’il a tenté de soigner, et des aventures justifiées par un "manque affectif et sexuel".

À lire aussi : Viols de Mazan : "Ils ont pu être témoins de choses", l'inquiétude de la famille pour les 7 petits-enfants
Lors de ses échanges avec Dominique Pelicot, celui-ci lui avait bien indiqué que son épouse aurait pris des somnifères. Sur la vidéo, on l’entend lui demander de bouger le corps de la victime, ne parvenant pas à la pénétrer dans la position dans laquelle elle se trouve. Accusé par un enquêteur de ne pas se soucier de l’accord de Gisèle Pelicot, il a acquiescé : "Oui, c’est peut-être vrai", avant d’avouer n’avoir été préoccupé que par son plaisir.

Jacques C. 72 ans, retraité
Ses proches louent son dévouement. Père de deux filles, retraité actif et sociable, Jacques C. a rapidement répondu à l’invitation lancée par Dominique Pelicot sur coco.gg. Le soir même du premier contact, cet ancien marin-pompier de Marseille abusait de Gisèle Pelicot, inconsciente sur son lit, vêtue d’un soutien-gorge, d’un porte-jarretelles et de bas noirs.

Jacques C. avait ensuite prodigué une fellation sur Dominique Pelicot avant de prendre à son tour la caméra pour le filmer en train de violer son épouse. Casier vierge, il reconnaîtra n’avoir pas posé la question du consentement quand bien même il avait conscience qu’elle était sédatée. "Le seul défaut qui lui a réellement été relevé, c’est son côté moralisateur", a expliqué ce mercredi à la barre l’enquêtrice de personnalité.

Cyprien C. 43 ans, chauffeur routier
"Un suiveur", "influençable", un "homme vulnérable". C’est ainsi que l’un des experts a décrit Cyprien C. En dépression après une intervention chirurgicale qui avait eu des conséquences sur sa sexualité, cet homme à l’enfance massacrée par la violence de ses parents, consommait alcool et cocaïne.

En 2017, sa fréquentation assidue des sites porno et autres plateformes telles que coco.gg l’avait conduit à entamer un échange avec Dominique Pelicot. Ce n’est pas tant l’état d’inconscience de la victime que son incapacité à avoir une érection et l’irritation du mari qui l’avaient conduit à quitter les lieux. Lors de son arrestation quatre ans après les faits, il vivait avec une nouvelle compagne et ses trois enfants.

Thierry P. 54 ans, sans emploi
Malgré une enfance douloureuse marquée par l’absence d’un père, évaporé dans la nature, et l’alcoolisme de sa mère, Thierry P. était parvenu à se construire une vie heureuse.

Dès sa majorité, il se marie puis fonde une famille. Mais le bonheur se fracasse en 2016 avec la mort accidentelle de son fils. Dépression. Alcool. Il se sépare de son épouse au printemps 2020. En juillet, il croise Dominique Pelicot sur coco.gg et se rend chez lui le soir-même. Ce dernier est fâché lorsqu’après plusieurs attouchements et pénétrations, Thierry P. éjacule sur Gisèle Pelicot: "Oh non, t’as fait le con, t’as tâché sa robe !" Thierry P. s’est toujours dit persuadé de la complicité de Gisèle Pelicot, estimant impossible qu’elle ne se soit aperçue de rien.

Joan K. 26 ans, militaire
Le jour de la naissance de sa fille, Joan K. s’est rendu à Mazan. La première des deux séquences d’abus perpétrées par ce militaire au casier vierge. Arrêté à Auxonne en Côte-d'Or, dans la caserne du 511e régiment du train auquel il appartenait, il a d’abord raconté aux enquêteurs une invraisemblable histoire d’échangisme consenti, affirmant avoir eu des relations sexuelles avec la victime, consciente, lui gardant son verre de whisky à la main pendant le rapport.

Confronté aux images, le jeune homme accro aux sites de rencontres sans lendemain a finalement reconnu les faits, rejetant la responsabilité sur Dominique Pelicot. Il a été placé en détention provisoire à l’issue de sa première garde à vue, en avril 2021.

Simoné M. 43 ans, intérimaire
Père de cinq enfants, employé dans le BTP après avoir été chasseur alpin, Simoné M. a expliqué qu’à cette période-là, il avait moins de rapports avec son épouse, enceinte, ce qui l’aurait "poussé" à se rendre sur des sites à caractère sexuels. Il a lui-même été victime d’abus dans sa jeunesse. Comme la plupart des autres accusés, il a fini par reconnaître qu’il s’était rapidement rendu compte que Gisèle Pelicot ne faisait pas semblant de dormir.

Il a continué à fréquenter Dominique Pelicot, son voisin, évoquant ses valeurs chrétiennes qui prônent "le pardon". "C’était sa femme, il fait ce qu’il veut avec sa femme" a-t-il lâché une fois, avant d’exprimer des regrets. Il est revenu, en journée chez le couple pour voir Gisèle Pelicot "au naturel".

Nizar H. 40 ans, sans emploi
Né en Tunisie et arrivé en France à l’âge de 17 ans, Nizar H. a alterné petits boulots et périodes de chômage. Condamné à huit reprises, notamment pour des violences conjugales sur deux ex-compagnes, il a eu un enfant de l’une d’elles. Sur les vidéos de son viol, on l’entend s’inquiéter auprès de Dominique Pelicot : "Elle ne se réveillera pas ?". Et on voit les yeux de la victime recouverts de papier toilette.

Il a affirmé avoir été drogué au GHB par Dominique Pelicot, ne voyant aucune autre explication au fait d’avoir eu une relation sexuelle avec une femme de 68 ans, endormie, et à ses prétendues amnésies. Il se serait contenté "d’agir comme un robot". Aucun élément n’est venu étayer cette thèse.

Jean T. 52 ans, employé
En janvier 2022, Jean T. a été interpellé après avoir été identifié comme "Bill", auteur de viols filmés en septembre 2018 à Mazan. "Elle aime pas les blacks, elle en a un dans le c.. (...) s** NDLM insulte de bourgeoise", commente Dominique Pelicot sur la vidéo. En concubinage depuis huit ans, ce Réunionnais porté sur le libertinage a affirmé qu’il avait accepté un Coca en arrivant dans la maison et s’était "réveillé" dans sa voiture, pensant avoir été drogué.

Une version "peu compatible" avec le "bref échange verbal" visible entre les deux hommes dans l’une des vidéos, a jugé la juge d’instruction. On le voit appliquer les consignes de Dominique Pelicot et faire un geste de satisfaction avec le pouce. Par ailleurs, il n’a jamais déposé plainte.

Cédric G. 50 ans, informaticien
Cédric G. fréquente coco.gg et le salon "à (son) insu" depuis une dizaine d’années. Violé par un oncle à l’adolescence, il se dit addict au sexe, devenu, depuis, son refuge. Urophilie, visionnage d’images pédopornographiques : Cédric G. s’adonne à des pratiques sexuelles "sans limite".

Déjà condamné pour des violences conjugales, il va jusqu’à diffuser des images intimes de ses ex-compagnes sur le net. Sur son ordinateur, les enquêteurs retrouveront des montages photos de ces femmes, doublés d’annonces comme "p**** NDLM insulte du web", avec des informations précises les concernant. Un temps, Cédric G. projettera avec Dominique Pelicot de droguer sa propre compagne pour la livrer à ce dernier.

Saifeddine G 36 ans, chauffeur routier
Saifeddine G. vient d’accueillir son second enfant quelques mois auparavant lorsqu’il se rend à Mazan, début novembre 2019, à l’invitation de Dominique Pelicot. Ce dernier le filmera en train de violer son épouse mais l’intéressé dira avoir fait seulement semblant. Un acte finalement interrompu par les mouvements de la victime endormie.

Né en Tunisie puis arrivé en France à l’âge de 15 ans, Saifeddine est "très attaché aux valeurs traditionnelles de travail et de respect de la loi", ont relevé les enquêteurs de personnalité. Le dossier fait état d’une forme de "frustration conjugale". Au cours de l’instruction, il a écrit à Gisèle Pelicot pour s’excuser des faits auxquels il a participé "malgré lui".

Paul G. 31 ans, salarié dans l’agroalimentaire
Contrairement à la plupart des accusés, Paul G. reconnaît avoir été parfaitement au courant du mode opératoire de Dominique Pelicot, et de l’état de soumission chimique de la victime. "Elle dormait complètement comme si on l’avait assommée", indique d’emblée aux enquêteurs ce père d’un garçon de 3 ans. Il affirme s’être rendu compte a posteriori, au fil d’une discussion avec des amis, de la gravité de ses actes et de la notion de viol. Il était "en manque de sexe", indiquera cet employé dans l’agroalimentaire, sans pouvoir expliquer ses actes, si ce n’est "par une envie de s’amuser de manière égoïste". D’origine guinéenne, Paul G. serait arrivé en France à l’âge de 16 ans, comme mineur isolé.

Thierry P. 61 ans, artisan
Le 21 août 2020, Dominique Pelicot est inquiet. Son épouse semble mal, au point qu’il a appelé SOS Médecins et envisage de la conduire aux Urgences. Ce soir-là, Thierry P. était attendu. "Si ça passe, je peux te rappeler ? J’aimerais bien que tu la sautes", lui écrit le mari. Avant de lui annoncer, quelques heures plus tard, qu’il peut venir : "J’ai annulé le médecin, ça va le faire, elle ronfle de nouveau".

Devant la juge, le frigoriste, père de trois enfants, a mis en avant "un contexte libertin", puis contesté le viol car il avait fait "ce qu’on lui avait demandé" et n’avait pas "eu de refus" de Gisèle Pelicot.

Dans son ordinateur, les enquêteurs ont retrouvé des images pédopornographiques. Ils ont aussi exhumé un échange glaçant avec un homme non identifié qui proposait de lui livrer sa propre petite-fille, très jeune, pour qu’il en abuse.

Mahdi L. 36 ans, employé de transport
Il a beau se dire "mal à l’aise", devant cette femme inerte qui lui tourne le dos, et n’avoir eu, cette nuit d’octobre 2018, qu’une érection "mécanique", Mahdi n’a pas bronché dans la chambre du couple Pelicot. Pas même lorsque son hôte soutenait la tête de son épouse à qui il imposait une fellation. Devant les enquêteurs, ce père d’un enfant, qui fréquente les sites libertins, dit avoir souhaité partir. Sans le faire.

Né en Algérie et abandonné par sa mère, Mahdi L. a rejoint la France à l’adolescence dans le cadre d’un rapatriement. Il se construit une famille à 19 ans. Sa compagne de l’époque le dépeint comme "très romantique". Et ses proches, comme un homme "qui a tendance à faire passer les autres avant lui".

Charly A. 30 ans, intérimaire
Dans le disque dur saisi chez Dominique Pelicot, les enquêteurs ont dénombré six viols attribués à Charly A. Cet intérimaire vivant chez sa mère a d’abord juré qu’il n’avait pas compris pourquoi Gisèle Pelicot n’avait aucune réaction. Il a cité l’exemple d’une fellation, qu’il n’avait pas "appréciée" car la sexagénaire ne "bougeait pas".

Ce célibataire sans enfant a finalement convenu qu’il était impossible qu’elle n’ait pas été droguée. Il n’a pas, pour autant, posé de questions ni fait marche arrière. Il a aussi envisagé d’employer le même mode opératoire avec sa propre mère. Pour se justifier, ce natif d’Orange au casier vierge, a pointé "l’insistance" du mari : "Même quand je n’avais pas envie, je me sentais obligé d’y aller."

Jean-Marc L. 74 ans, retraité
"Marc amateur de culotte", ainsi qu’il est désigné dans les fichiers de Dominique Pelicot, est un ancien routier qui a reçu une éducation religieuse stricte. Il est resté marié 20 ans à la femme avec qui il a eu son fils, son casier est vierge. Confronté aux vidéos, il a évoqué un trucage des images. Puis le septuagénaire a affirmé qu’après l’avoir attiré sous prétexte d’échangisme, Dominique Pelicot lui avait confié vouloir violer son épouse pour la punir d’une relation extraconjugale. Dominique Pelicot dira, lui, qu’il a dû refréner les envies du retraité. En contact avec d’autres violeurs via coco.gg, ce dernier a proposé à un ami de l’accompagner pour avoir d’autres rapports avec la victime endormie.

Vincent C. 42 ans, menuisier
Déjà condamné pour infractions routières sous l’empire d’un état alcoolique et violences conjugales envers son ex-compagne, "un débordement" a-t-il minimisé, Vincent C. s’est rendu à Mazan "pour un plan cul", sans chercher à en savoir davantage. Le menuisier a reconnu s’être "rendu compte" que la victime "dormait réellement". Mais il a maintenu qu’"à aucun moment il avait pensé qu’elle était non consentante".

Il a justifié sa seconde visite par le fait "d’espérer quelque chose de mieux", indique l’instruction. Par la suite, Vincent C. ne s’est pas posé "trop de questions", jusqu’à ce qu’il découvre l’affaire dans la presse. L’experte psychologue a noté son absence d’empathie à l’égard de la victime.

Husamettin D. 43 ans, ouvrier
Quand ce père d’un enfant est arrivé dans la chambre, peu éclairée, pour le "plan à trois consenti" proposé sur internet, il reconnaît ne pas avoir osé toucher la femme, allongée sur le dos, car elle "semblait morte". Questionné, Dominique Pelicot avait alors répondu qu’elle "avait trop bu", et qu’elle "faisait semblant", avant de montrer l’exemple en la violant sous ses yeux.

Convaincu, Husamettin D. a pris la relève, avouant, face aux images présentées par les policiers, qu’il ne pensait pas avoir fait "autant de choses". Estimant avoir été "manipulé", par Dominique Pelicot, cet ouvrier condamné deux fois pour infraction à la législation sur les stupéfiants a déclaré se sentir lui-même "violé" par la diffusion des vidéos.

Nicolas F. 42 ans, journaliste
Ce correspondant de presse a d’abord nié et s’est raconté en homme respectueux des femmes, certaines lui reprochant même, à l’entendre, de ne pas être assez entreprenant. Sur une vidéo de viol filmée par Dominique Pelicot, on voit le duo s’attacher à ne pas faire de bruit "dans le but d’éviter que la victime", profondément endormie, "ne reprenne conscience".

Nicolas F. "se retire rapidement du lit, lorsque qu’elle esquisse un geste" note l’instruction. Certes, a-t-il dû convenir, il a été étonné par la situation, "mais comme son mari lui avait assuré qu’elle était d’accord...". Et de regretter, "un manque de discernement". Dans son ordinateur, 4 284 images et 262 vidéos pédopornographiques ont été retrouvées.

Didier S. 68 ans, retraité
Confronté aux images de lui, Didier S. s’est emporté: "Quel enfoiré! (...) Je ne pensais pas que c’était un traquenard". Le 30 janvier 2019, le retraité s’était rendu à Mazan, pour une relation sexuelle avec Dominique Pelicot, "et non sa femme", dira-t-il. Sur place, il se livre pourtant à des attouchements sur la victime.

Ce père de deux enfants, ex-chauffeur poids lourds, aurait développé des comportements sexuels déviants après une séparation à l’âge de 40 ans et une ablation de la vessie consécutive à un cancer. Ne parvenant plus à avoir d’érection, il se tourne vers des sites comme coco.gg, il se travestit, se livre à des pratiques sadomasochistes. Décrit comme "naïf et crédule", Didier S. aurait subi un viol à l’âge de 16 ans.

Karim S. 40 ans, informaticien
"Elle vient de prendre son somnifère", écrit Dominique Pelicot à propos de sa femme, en envoyant des photos d’elle nue et endormie. "Trop niaise pour voir que je la filme", ricane-t-il. Au bout du fil, Karim S., expert en informatique pour une banque, attend son heure et savoure : "Le somnifère fait effet ? Préviens-moi à l’avance car j’ai vingt minutes de route". Célibataire sans enfant, casier vierge, Karim S. dira avoir cru à un "scénario de couple", un "jeu un peu malsain". Par la suite, il a accepté la demande de Dominique Pelicot d’installer une caméra dans sa salle de bains. Il a aussi avoué avoir pénétré son ancienne compagne pendant son sommeil et est poursuivi pour détention d’images pédopornographiques.

Dominique D. 45 ans, chauffeur routier
Le 14 février 2015, le croisant par hasard dans la galerie du centre commercial Auchan, au Pontet, Dominique Pelicot avait présenté Dominique D. à son épouse comme "un ami avec qui il faisait du vélo". Le soir même, tous deux la violaient. Ensemble, ils se sont livrés à six reprises à des abus sur cette dernière entre 2016 et 2020.

Dominique D. est un "enfant de la Ddass", élevé en famille d’accueil, marié et père d’un garçon. Cet ancien militaire reconverti en chauffeur routier a été condamné une fois pour conduite en état d’ivresse. En audition, spontanément, il l’a reconnu : il connaissait le modus operandi du mari. Il savait la victime complètement soumise et réduite à un objet sexuel. C’est ce qui l’a "excité".

Redouane A. 40 ans, sans emploi
Lorsque les enquêteurs lui ont présenté la vidéo intitulée "bien violée" dans laquelle il apparaissait, Redouane A. s’est dit choqué par l’intitulé. Pas par son contenu qu’il a qualifié "d’acte naturel", relate le dossier. Ce quadragénaire né au Maroc et abandonné par sa mère, grandi en errant d’une cité à l’autre, traîne un casier lourd de 19 condamnations, notamment une pour violence conjugale ; lorsque les enquêteurs ont voulu l’interroger, c’est à la prison de Salon qu’ils l’ont retrouvé.

Ce père coupé de ses enfants a fait valoir un incertain diagnostic de schizophrénie. Selon Dominique Pelicot, Redouane A. aurait tenté de le faire chanter au lendemain d’un second viol perpétré à Mazan.

Cendric V. 43 ans, manager en restauration
Il était le petit dernier de quatre enfants, le "chouchou de la famille", rapporte l’enquêtrice de personnalité. Ce père de deux enfants nés de deux mères différentes, professionnel de l’hôtellerie installé depuis quelques années en Corse, est venu à deux reprises à Mazan en juillet 2016 puis en janvier 2018 y violer Gisèle Pelicot.

Sur l’une des images, la victime gît, vêtue d’une seule nuisette remontée jusqu’à la taille. Sur ses cuisses, une feuille A4 avec la mention "Je suis une bonne s** NDLM insulte". En audition, le jeune homme aux 6 condamnations, dont 5 pour conduite sous l’empire de l’alcool, a évoqué des relations échangistes, assuré qu’il avait entendu la victime "émettre des gémissements de plaisir", avant de reconnaître les faits.

Andy R. 37 ans, sans emploi
Confronté à la vidéo "bonne défonce" captée par Dominique Pelicot, ce père de deux enfants a bien été forcé de reconnaître les faits. Exprimant sa honte, Andy R. prétend ne pas se souvenir des actes commis cette nuit de Réveillon 2018. Âgé de 37 ans, sans emploi, il a déjà été condamné, à deux reprises pour des violences sur son ex-compagne.

Successivement mécanicien automobile, préparateur de commande, manutentionnaire, ouvrier agricole, maçon, réceptionniste, ce Vauclusien, qui a grandi dans un cadre familial stable, indique avoir toujours travaillé jusqu’à son incarcération en 2020. Sa relation avec la mère de ses enfants se serait dégradée quelques années plus tôt en raison de son addiction à l’alcool.

Quentin H. 34 ans, surveillant pénitentiaire
Cet ex-policier, devenu surveillant à la prison du Pontet, était en concubinage lors des faits. Son casier était vierge. Il avait fait quelques rencontres extraconjugales sur le site Coco.gg. Dominique Pelicot a déclaré à la juge qu’il se souvenait de "son regard", lorsque Quentin H. s’adonnait au viol sur son épouse. Il a fallu qu’il le "cadre", a ajouté le mari, estimant son complice "à la limite de la violence".

L’expert psychologue qui l’a examiné a relevé "une personnalité dite psychopathique, sans remords ni empathie". À l’inverse, ses proches ont chanté les louanges d’un homme "très humain", "sociable" et "serviable". Après 18 mois de détention provisoire, le gardien de prison a été placé sous contrôle judiciaire.

Abdelali D. 47 ans, sous curatelle
"Vas-y tu risques rien je te dis, prends-la ! - Je peux pas, je suis désolé vraiment. - Frottes encore ! Baises-la putain tu l’as ! - J’aimerais trop, j’aimerais trop", s’était excusé Abdelali. Perturbé à l’idée d’avoir un rapport sans protection en janvier 2018, il avait renoncé à la pénétration. Une autre vidéo deux mois plus tard le montre en train de violer Gisèle Pelicot, cette fois protégé par un préservatif.

À lire aussi : Procès des viols de Mazan : "Mon client est-il le seul à évoquer un jeu ?", des avocats montent au créneau
Honteux, il refusera de voir les images mais ne discutera pas les faits reconnaissant qu’il savait que la victime était droguée à son insu. Arrivé du Maroc à l’âge de 5 ans, Abdelali D. a grandi en Vaucluse au sein d’une famille unie. En 2019, un AVC l’a laissé hémiplégique. L’ancien cuisinier a aujourd’hui le statut de personne handicapée.

Florian R. 32 ans, chauffeur livreur
Après une enfance au sein d’une famille recomposée, Florian R. a d’abord endossé le rôle de beau-père auprès de sa compagne puis de père des trois autres enfants qu’il a eus avec elle. Condamné à 9 reprises pour divers délits (routiers, vol, recel, stupéfiants...), il est sujet à une certaine instabilité, boit trop et se sépare.

En décembre 2019, Florian R. se rend à Mazan pour violer Gisèle Pelicot, des faits pour lesquels il minimise sa responsabilité en manifestant toutefois des regrets et une forme d’empathie à l’égard de la victime. Quelques semaines après, début 2020, Florian R. avait aussi hébergé chez lui une jeune adolescente en fugue de 14 ans avec laquelle il confirme avoir eu des relations sexuelles "consenties".

Redouan El F. 55 ans, infirmier
Ce soir de juin 2019, Redouan El F. a poireauté plus d’une heure et demie dans sa voiture garée à côté du stade, attendant le feu vert de Dominique Pelicot. Cet infirmier d’une cinquantaine d’années est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants et décrit comme le pilier de sa famille. Accro à la masturbation, il multipliait les relations extraconjugales, les relations tarifées avec des prostituées et les expériences libertines en dépit d’une vie de couple "heureuse".

Après un premier divorce, il a refait sa vie avec une nouvelle compagne. Faute de parvenir à avoir un enfant, le couple s’était tourné vers l’adoption. Le projet, sur le point de se concrétiser, a été stoppé net par l’incarcération de Redouan El F. qui estime que cette affaire a "brisé" sa vie. Il maintient avoir cru, ce soir-là, qu’il se prêtait à une mise en scène de viol et non un véritable viol, estimant que le mari de Gisèle Pelicot était "le détenteur de son consentement". À l’ouverture du procès il s’est dit "victime de ruse caractérisée".

Grégory S. 31 ans, plaquiste
C’est un gendarme qui l’a reconnu, sur l’album photo des violeurs non identifiés diffusé par les enquêteurs. Grégory S. y apparaissait sur une vidéo datée du 10 juin 2017. Sur les images, tandis qu’il pénètre la victime inconsciente, Dominique Pelicot murmure à l’oreille de cette dernière "s** NDLM insulte, t’aimes ça hein...", entraînant, a remarqué la juge d’instruction, "un large sourire de S.".

Il affirmera en audition qu’il s’agissait "d’un sourire nerveux". Ce jeune plaquiste né à Apt, s’était imposé comme un père de substitution pour le fils de sa compagne ; ensemble, ils ont eu une petite fille en avril 2021. L’absence de son propre père, détenu une partie de son enfance, lui a pesé. Au casier judiciaire de Grégory S., sept condamnations pour stupéfiants, délits routiers, recel.

Fabien S. 39 ans, sans emploi
Interpellé alors qu’il se cachait dans la chambre d’une des filles de sa compagne, Fabien S. s’était débattu, essayant de sauter du véhicule de police en marche. Aux enquêteurs, il avait fini par avouer s’être rendu à Mazan, pour un plan à trois, sans savoir que la victime était droguée. Lui aussi estimait que cette femme était consentante, "puisque le mari le lui avait dit". Fabien S. avait pourtant fini par s’en aller précipitamment, après un signe de réveil de la victime.

Familier du site coco.gg qu’il fréquente depuis ses 15 ans, Fabien S. entretient une sexualité "hors-norme" et désinhibée, diront les experts. Père de trois enfants, avec lesquels il a coupé les ponts, cet homme de 39 ans, sans emploi, qui travaille sur des chantiers d’insertion, a connu un parcours de vie chaotique, ponctué de 8 séjours derrière les barreaux. Confronté très jeune à l’alcoolisme de son père, à des maltraitances et à des attouchements, il a été placé en famille d’accueil, où il a été violé, à l’âge de 12 ans, par le père de famille (condamné, depuis, à 20 ans de réclusion criminelle).

Adulte, Fabien S. devient à son tour l’auteur de comportements inquiétants : exhibition sexuelle, proposition de jeux auprès des plus jeunes enfants... Il connaît une flambée de violences pendant une dizaine d’années. 17 mentions figurent à son casier judiciaire, dont une pour agression sexuelle sur mineur de 15 ans.

Jean-Pierre M. 63 ans, chauffeur
Ce Drômois est considéré comme le disciple de Dominique Pelicot qu’il a lui-même décrit comme une sorte de "maître" régnant sur le fameux salon "À son insu" qu’il avait créé sur le site coco.gg pour partager des images des viols de son épouse et rencontrer de nouveaux agresseurs. Chauffeur dans une coopérative agricole, Jean-Pierre M. s’est fait enseigner les détails du modus operandi employé par Dominique Pelicot afin de pouvoir lui "offrir" son épouse qui est aussi la mère de ses cinq enfants (dont certains se trouvaient parfois dans la maison au moment de ses visites, ainsi que sa belle-mère). Dominique Pelicot lui a aussi remis des cachets de Temesta afin qu’il puisse lui administrer avant ses venues.

Entre 2015 et 2020, il se serait rendu chez Jean-Pierre M. à une dizaine de reprises mais a dû plusieurs fois renoncer à commettre des viols, la victime n’étant pas suffisamment droguée car son mari réduisait les doses de peur des risques pour sa santé. Les faits se sont interrompus à l’été 2020, après que celle-ci s’est réveillée en sursaut en apercevant un homme nu dans sa chambre. En dépit de la colère à l’égard de son mari, elle a refusé de porter plainte contre lui et ne s’est pas constituée partie civile au procès. Au cours de la procédure, Jean-Pierre M. confiera avoir été victime d’abus de la part de son père quand il était enfant.

Mathieu D. 36 ans, employé dans un magasin
Après être parti de la maison des Pelicot en oubliant ses clés, Mathieu D. a passé un coup de fil : pour s’excuser du viol ? Non, pour regretter auprès de Dominique Pelicot "de ne pas avoir été à la hauteur" en invoquant le fait que l’organisateur avait été "trop directif et que cela avait contribué à le bloquer". Casier vierge, ce pompier volontaire justifie en partie ses actes par une prise de MDMA le soir des viols. "J’ai cru à une mise en scène", martèle ce père de famille considéré comme affable et agréable, "construit dans le refus de voir souffrir les autres, et notamment les femmes", a noté l’expert psychologue.

À lire aussi : Procès des viols de Mazan : "La soumission chimique, une histoire de confiance trahie"
Dans la vidéo des faits, on l’entend s’interroger, à deux reprises : "C’est dingue qu’elle ne se réveille pas", "ça fait bizarre quand même". La réponse de Dominique Pelicot ? "Quand elle refuse, je la baise comme ça". Mathieu D. s’en est contenté.

Omar D. 36 ans, agent d’entretien
En novembre 2017, après un bref échange sur coco.gg, Omar D. ne s’est pas posé beaucoup de questions, ni avant, ni pendant, ni après son passage à l’acte aux dépens de Gisèle Pelicot dont il n’a même pas vu le visage. C’est ce qui ressort de ses auditions au cours desquelles il n’a pas manifesté de culpabilité mais a estimé qu’il n’avait fait qu’exécuter des ordres et avait été, en quelque sorte, manipulé.

En couple depuis quatre ans, cet agent d’entretien était sur le point de se marier et n’avait jamais fait parler de lui hormis pour quelques délits routiers. "Dans la sphère de sa sexualité, autrui est perçu non comme un sujet mais comme un objet répondant à des besoins pulsionnels immédiats", a tranché l’experte psy.

Boris M. 37 ans, agent d’exploitation
La victime lui aurait "baragouiné un bonjour" à son arrivée. C’est ce qu’a expliqué Boris M., après son interpellation le 23 mars 2021, arguant qu’il la pensait ivre, ayant vu des bouteilles vides dans la cuisine du couple.

Et que ça ne le dérangeait pas de commettre un acte sexuel sur une personne dans les "vapes", car il s’agissait, selon lui, d’un "délire" de couple. Décrit par deux compagnes comme un homme "attentionné et aimant", cet employé d’une entreprise de transport a pourtant été identifié comme étant l’un des violeurs de Gisèle Pelicot, sur des images où elle apparait complètement inconsciente. Et lui, chuchotant pour ne pas la réveiller.

Au casier judiciaire de ce célibataire sans enfant, deux condamnations mineures. Son goût pour le candaulisme l’aurait poussé vers Dominique Pelicot.

Romain V. 63 ans, en invalidité
Dans son ordonnance de mise en accusation, la juge d’instruction a souligné "la particulière dangerosité" de Romain V., alias "Marc de Carpentras". Un homme à la personnalité trouble, qui serait le fruit d’un inceste entre son grand-père maternel et sa propre fille. Il a, lui même, subi des abus sexuels de la part d’un prêtre lorsqu’il était enfant.

Ce sexagénaire aurait violé à six reprises Gisèle Pelicot entre décembre 2019 et juin 2020. Il était séropositif depuis 2004. Il le savait : mais il ne porte de préservatif sur aucune des vidéos. En audition, enchaînant les déclarations fantaisistes, il est resté dans le déni, allant jusqu’à estimer qu’il était peut-être dans la personnalité de Gisèle Pelicot d’être "peu active".

Cyrille D. 54 ans, employé dans le BTP
Quand les policiers l’ont mis face à la vidéo de son viol d’une femme inerte, cet homme sans histoire, au casier vierge, très apprécié de ses employeurs, a reconnu ressentir de la honte. Dans un premier temps, a-t-il assuré, en voyant l’épouse endormie, il a pensé à un fantasme. Sans toutefois questionner Dominique Pelicot, avec qui il avait convenu "d’un plan à trois" sur un site de rencontre.

"Je faisais ce qu’il (Dominique Pelicot) me demandait. Je ne sais pas pourquoi", a bredouillé devant les policiers ce père de deux grands enfants, en concubinage depuis 32 ans, à la vie sexuelle "tout à fait normale", a témoigné sa compagne. "Je n’ai pas pu m’arrêter (...) J’ai déconnecté", a-t-il déclaré aux policiers. Cyrille D. a également reconnu être l’auteur d’un des films où Dominique Pelicot abuse de sa femme. Sur ce passage, on l’entend, à son tour, guider le mari violeur.

Adrien L. 34 ans, chef de chantier
Malgré les ronflements de la victime, qui ont conduit le mari à chuchoter "Enlève ! Enlève !" à son complice, cet après-midi du 14 mars 2014, Adrien L. est convaincu d’avoir participé à une relation de libertinage classique entre personnes consentantes. "À partir du moment où le mari était présent, il n’y avait pas de viol", martèlera l’accusé aux enquêteurs. Il dit avoir agi sur les ordres de Dominique P., qui le traitait "comme un bout de viande".

Les deux hommes se recroiseront en prison, en octobre 2021. Ils partagent une cellule au Pontet, pendant une quinzaine de jours, sans que Adrien L. ne reconnaisse Dominique P. Le premier est déjà incarcéré depuis un an dans le cadre d’une autre affaire : une information judiciaire ouverte pour des faits de viols, violences et harcèlement sur trois de ses ex-compagnes. Célibataire et père d’un enfant de 7 ans, Adrien L., chef de chantier, a grandi dans une famille "unie, chaleureuse", "dans un cadre de vie confortable", mais développé des comportements menaçants et violents psychologiquement dans la vie conjugale, selon l’expertise. Habitué des sites libertins, il présente une forme de perversité relationnelle, et des fantasmes sexuels multiples et sans limites. Son casier porte trace d’une condamnation pour des faits de menaces réitérées de délit.

Mohamed R. 70 ans, retraité
Devant les enquêteurs, il a expliqué n’avoir pas réussi à pénétrer Gisèle Pelicot car "c’est comme faire l’amour à un cadavre" (sic). Les vidéos attestent pourtant que Mohamed R. s’est livré à des attouchements et viols sur elle, une nuit de mai 2019, à l’Île de Ré, où le couple séjournait. Ce retraité né au Maroc qui a longtemps travaillé dans le monde de la nuit, père de sept enfants nés de trois mères différentes, a été condamné en 2017 par la cour d’assises de la Gironde pour avoir violé sa propre fille alors qu’elle n’avait pas 15 ans. Après avoir longtemps nié, il s’est dit "tout autant victime" que Gisèle Pelicot au cours d’une confrontation avec son mari, estimant avoir été sous l’emprise de ce dernier.

Ludovick B. 39 ans, magasinier
Père d’une fillette de trois ans, "unanimement apprécié par ses proches pour ses qualités humaines", a noté le rapport d’enquête, Ludovick B. a abusé de Gisèle Pelicot alors que le couple passait les vacances de Noël à Saint-Rémy-les-Chevreuse (78), au domicile de leur fille. En pénétrant dans la chambre, il a constaté que la femme dormait "car elle ronflait". Il en a conclu que des couples "font des trucs bizarres".

À aucun moment, il n’a échangé avec la sexagénaire ni demandé son consentement. Sur les vidéos, on entend à plusieurs reprises le mari demander à Ludovick B. de la "laisser respirer"... Lui-même violé à l’âge de 12 ans par un pompier, il a expliqué s’être "laissé entraîner", allant jusqu’à se dépeindre en "dommage collatéral"... Peu après son départ, il a écrit au mari : "Pas possible à nouveau quand vous êtes dans le coin ?".

Joseph C. 69 ans, retraité
Il est le seul des accusés à ne pas être accusé de viol mais d’agression sexuelle commise en réunion, passible de 7 ans de prison. Ancien commercial à succès et karatéka de haut niveau, Joseph C., d’origine italienne, est venu couler une douce retraite dans le Vaucluse où il a aménagé un gîte dans son habitation. Amateur de libertinage, cet ancien coach bénévole a longtemps hésité avant de se rendre chez les Pelicot à Mazan, un peu sceptique quant au scénario proposé.

Après 175 messages échangés et quelques appels, il avait fini par venir et, après 1h30 d’attente dans sa voiture, avait été surpris de voir surgir un autre individu, Romain V., un "habitué" identifié dans de nombreuses scènes de viol. Après s’être déshabillé dans le couloir, Joseph C. a caressé le sexe de la victime en essayant de se masturber. Faute d’érection et malgré les encouragements de Dominique Pelicot, il avait fini par quitter les lieux en l’absence de réaction de Gisèle Pelicot et doutant de son consentement. Il n’a pas pour autant alerté les forces de l’ordre. À l’ouverture du procès, il a répété n’avoir jamais su que la victime était sous substances et a plaidé non coupable.

Jérôme V. 46 ans, employé de magasin
Jérôme V. n’a pas tenté d’éluder : il savait, en se rendant chez les Pelicot, qu’il venait y violer une femme inconsciente et non consentante. Cet homme de 46 ans au casier vierge, père de trois enfants et pompier volontaire jusqu’en 2016, a été suivi un temps pour addiction au sexe. Il est venu à six reprises abuser de Gisèle Pelicot entre mars et juin 2020, "le seul moyen d’avoir des relations sexuelles", s’est-il justifié, alors qu’il était séparé temporairement de sa compagne et gêné par le confinement.

Cette dernière avait retrouvé un jour chez lui une liste d’ex-conquêtes assorties de mentions comme "soumise". Pour la seule "visite" du 29 mars, pas moins de 98 photos et 31 vidéos ont été retrouvées sur l’ordinateur de Dominique Pelicot. Sur l’une d’elles, on peut apercevoir la victime les parties intimes prises par des pinces reliées à des liens enserrant ses poignets. L’un des épisodes a été regardé en direct sur Skype par un autre accusé, Jean-Pierre M.

Ahmed T. 54 ans, plombier
Tentant de se dédouaner, Ahmed T. a expliqué qu’il avait agi "comme un acteur" lorsqu’il a violé Gisèle Pelicot, dans la nuit du 4 au 5 juin 2019. Cette dernière avait les poignets et les chevilles attachées. Quand la juge d’instruction lui a fait remarquer qu’il affichait sur l’une des vidéos un large sourire, et semblait content de lui, le mis en cause a refusé de visionner les images.

Cet entrepreneur, plombier florissant, boxeur passionné, marié à son "amour de jeunesse" et père de trois enfants, justifiait jusque-là d’un casier vierge. L’expert psychologue l’a qualifié de "sujet banalement névrosé", ayant tenté de se distraire d’une vie de couple vécue comme "insatisfaisante et source de frustration sexuelle".

Hassan O. 30 ans, sans emploi
"Rémy", ainsi qu’il est dénommé dans les fichiers trouvés dans le disque dur de Dominique Pelicot, a été identifié comme étant Hassan O. La photo extraite de la vidéo où on le voit violer Gisèle Pelicot a été rapprochée de celle épinglée au casier judiciaire de cet homme déjà condamné à 13 reprises pour des affaires de vols, de stups et de violences. En fuite, il est le seul des accusés à être jugé en son absence.

Les recherches effectuées ont établi que Hassan O. naviguerait aujourd’hui entre la Roumanie, pays de sa compagne, et le Maroc. Il reçoit régulièrement des mandats de ses proches. Lors d’un contact avec les enquêteurs, il leur a indiqué qu’il n’envisageait pas de revenir en France.

Hugues M. 39 ans, carreleur
Baptisé "motard" sur les fichiers, ce père de deux filles attribue à un accident de la circulation, et au traumatisme crânien qui a suivi, sa recherche frénétique d’adrénaline dans ses relations sexuelles. Le 22 octobre, il se rend à Mazan après avoir pris rendez-vous sur coco.gg. Sur place, le scénario lui semble glauque, mais il pratique tout de même des attouchements sur Gisèle Pelicot.

A posteriori, Hugues M. reconnaîtra l’absence de consentement de sa victime, endormie, bouche béante et lumière allumée. Son ex-compagne témoignera d’un épisode de leur vie commune, qui l’interroge sur une possible soumission chimique : une nuit, elle s’était réveillée en sursaut tandis qu’Hugues M. avait ses doigts dans son vagin.

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il y a 26 minutes, è_é a dit :

mais pour le coup c'est un débat que je vois aussi passer entre avocats sur les réseaux donc c'est pas si évident ou simple (ou ainsi) -_- 

Très bonne conclusion.

Si le bâtonnier de l'ordre estime que les propos outrepassent le souhait d'avoir la révélation de la vérité dans son entièreté (détails sordides et épouvantables compris) et sont contraires à la déontologie, il saisira l'Ordre. 

Je te rappelle juste que Maurice Papon et Klaus Barbie ont eu droit à être défendus. Et tant mieux, même si l'ampleur de leurs crimes directs ou ordonnés ne faisait pas de doute. Le jugement rendu ainsi relève de la Justice, pas de la vengeance (même totalement compréhensible).

 

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Si le mec a vendu ça comme: "nous sommes un couple libertin et le fantasme de ma femme c'est de regarder des vidéos où elle se fait prendre par des inconnus pendant qu'elle dort. Cherchons des volontaires." 

Quand t'es un peu faible d'esprit, tu dois te dire que tu ne fais "rien de mal", et c'est "défendable".  

Je mets des guillemets partout tellement j'ai beaucoup de mal à assumer ce que j'écris ! Mais comme le débat tourne autour de l'aspect juridique, je me pose aussi des questions.  

J'espère que tout le monde va prendre cher, que la conclusion soit : le consentement, ce n'est pas des "suppositions". Que ça marque les esprits en ce sens, et si ça peut faire quelques déclics à des potentiels tarés, si ça peut éduquer les nouvelles générations, ce sera déjà ça... 

Si à contrario ils s'en sortent bien, ou pire s'ils sont aquittés, ce serait une catastrophe pour "l'humanité" (pas que pour les femmes, même si elles représentent 95% des victimes...)

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il y a 21 minutes, Alfcat a dit :

Je te rappelle juste que Maurice Papon et Klaus Barbie ont eu droit à être défendus.

je comprends pas pourquoi tu me dis ça, j'ai absolument jamais prétendu que les accusés n'avaient pas le droit à être défendus :huh: 

est-ce que leurs avocats ont sous-entendus que les juifs l'avaient quand même un peu cherché ? :ninja: 

tu persistes à me croire dans l'émotion, je sais pas pourquoi mais perds pas ton temps à continuer à me répondre sur cette ligne là, c'est presque insultant :wacko: 

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il y a 1 minute, è_é a dit :

ah ouais comme mater des filles sous la douche à leur insu (donc sans leur consentement), marrant :ninja: 

Tu te doutes bien que je l'aurais parié. 

Mais comme tout ce que je pourrai dire à ce sujet sera mal interprété, ne compte pas sur moi !

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il y a 17 minutes, VIX15 a dit :

Quand t'es un peu faible d'esprit, tu dois te dire que tu ne fais "rien de mal", et c'est "défendable". 

Bien heureux les simples d’esprit car les portes du royaume des cieux leur sont grandes ouvertes.

Cest pas ta culture chrétienne qui te sera du meilleur secours sur cette question Vix.

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il y a 18 minutes, VIX15 a dit :

Tu te doutes bien que je l'aurais parié. 

Mais comme tout ce que je pourrai dire à ce sujet sera mal interprété, ne compte pas sur moi !

bah évidemment vu que c'est exactement le même principe !

je compte pas sur toi non plus pour évoluer sur ce sujet, voire, truc de fou, faire une introspection, tu te doutes bien ;) 

 

 

on me signale dans l'oreillette qu'un autre groupe de victimes se fait aussi malmener dans le genre, où leur moralité est plus importante que les actes des accusés, c'est les victimes de violences policières :ninja: 

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