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Mister Yellow

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Je croyais que c'était l'inverse moi, la bourgeoise qui se tape un mec du 93

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il y a une heure, Flolynyk a dit :

Je croyais que c'était l'inverse moi, la bourgeoise qui se tape un mec du 93

Y en a 12, alors tu a toutes les versions que tu veux :ninja:

Posté(e)
il y a 1 minute, GG a dit :

Y en a 12, alors tu a toutes les versions que tu veux :ninja:

J'ai vérifié, cet extrait concerne bien la rencontre entre Sara, qui "fréquente pour la première fois des personnes vivant de l'autre côté du périph" et Djilali, de St Denis. 
@AgentXvous ment. 

  • Jeff 1
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Il y a 1 heure, VIX15 a dit :

Comment on peut ejaculer "malgré sois" sur le visage d'une femme  ? :ninaj:

Surtout que  dire "j'éjacule malgré moi" est vaisembablement un mensonge mais dire "il éjacule malgré lui" est une supposition très hypothétique...

Posté(e)
Il y a 23 heures, Flolynyk a dit :

J'ai vérifié, cet extrait concerne bien la rencontre entre Sara, qui "fréquente pour la première fois des personnes vivant de l'autre côté du périph" et Djilali, de St Denis. 
@AgentXvous ment. 

J'ai confondu Djilali et Amaury ( qui cherchait en fait à ejaculer dans la bouche de sa partenaire et non pas sur son visage, d'où le malgré lui et sa voix suraigue lors de ses vive la France ) l'un des héros de son meilleur ouvrage "Sexe, mensonges et banlieues chaudes". A mon avis s'il ne fallait en choisir qu'un, cela serait celui-là. Par contre il fait absolument éviter la prose de Bruno Le Maire.

https://www.planet.fr/politique-son-regard-bleu-comme-un-lac-accable-de-soleil-bouffe-moi-la-chatte-amaury-les-livres-tres-etonnants-quont-ecrit-les-ministres-demmanuel

Attention Planet.fr et les violets ont la même politique en terme d'invasion publicitaire.

  • Top ! 1
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https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/07/10/uber-files-revelations-sur-le-deal-secret-entre-uber-et-macron-a-bercy_6134202_4408996.html#xtor=AL-32280270-[default]-[android]

 

Une petite pensée pour ceux qui hurle au complotisme dès que l'on parle de Macron et de lobbys :ninja:

J'ai pas lu tous les articles, mais pour résumer, Macron alors ministre de l'économie travaillait pour Uber en court-circuitant littéralement de l'intérieur l'action des pouvoirs publics envers la boîte américaine.

Les lobbyistes américains s'extasient littéralement dans les mails de l'accueil qu'ils reçoivent de la part de Manu . 

Uber rédigeait littéralement des projets de lois présentés à l'Assemblée :ninaj:

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/07/10/uber-files-une-plongee-inedite-et-alarmante-dans-la-boite-noire-du-lobbying_6134198_4408996.html#xtor=AL-32280270-[default]-[android]

Un article gratuit et accessible par tous qui résume le bordel.

 

Modifié par Asha31
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Un régal ces Uber Files. Dans le fond, on ne découvre pas grand-chose. Macron et une clique de fidèle de la première heure dit qu'il fera tous monter par la suite roulent pour les lobbys privés. Les exemples sont par contre croustillants. On comprend d'où elle vient cette "main invisible du marché"

Par exemple un député LREM, alors PS, a déposé des propositions de loi écrites par Uber eux-même... La loi étant refusée (ce qui faisait partie du plan), Macron a pu la faire passer à peine retouchée par décret 🥸

Aussi, un économiste régulièrement invité dans les débats a réalisée une étude complètement biaisée pour 100.000 euros. Étude largement repris par les médias par les médias par la suite, qui affirmait à tort que les chauffeurs Uber se faisaient le double du SMIC. 

Macron a de la chance que ca tombe après les élections,  ça lui aurait coûté très cher. Très très très cher.

Je mettrais les articles payants ici plus tard.

Modifié par Vistule
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il y a 47 minutes, Vistule a dit :

Macron a de la chance que ca tombe après les élections,  ça lui aurait coûté très cher. Très très très cher.

tu parles

"c'est légal !"

"oui mais ça donne du travail et le travail c'est l'alpha et l'omega de la vie humaine moderne en plus que ça rend libre"

"t'as déjà utilisé uber ? alors ferme ta gueule sale hypocrite !!!"

  • Like 2
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Bah oui, c'est assez raccord avec sa politique très libérale... il n'aurait pas perdu grand chose
Il se serait juste fait défoncer par la gauche et le FN, mais à la limite ça n'aurait fait que renforcer les convictions de ses partisans.
Plus tes adversaires politiques te tapent dessus, plus ça renforce ta base.

 

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question sérieuse : ça sert à quoi de déposer une motion de censure sachant que, RN et LR ayant préalablement annoncé qu'ils ne la suivraient pas, celle-ci n'a strictement aucune chance d'aboutir ?

Posté(e) (modifié)
Il y a 3 heures, Planino a dit :

Bah oui, c'est assez raccord avec sa politique très libérale... il n'aurait pas perdu grand chose
Il se serait juste fait défoncer par la gauche et le FN, mais à la limite ça n'aurait fait que renforcer les convictions de ses partisans.
Plus tes adversaires politiques te tapent dessus, plus ça renforce ta base.

 

Euh... Il y a une différence ENORME entre être raccord avec une politique libérale et faire passer de laisser des lois écrites par des entreprises en ayant pleinement conscience de ça. Tout ça parce qu'il a décidé de faire le jeu d'une entreprise, dans le biais d'une grande campagne de communication menée par cette entreprise, qui par ailleurs piétine le droit français en terme de respect des travailleurs et d'imposition. Sans parler des économistes payés 100K€ pour fournir des fausses informations, elles-mêmes adoubées par un ministre. Le ministre de l'économie doit être là pour faire rentrer dans les caisses de l'état français, pas les vider pour booster les gains d'une entreprise tout ça parce qu'il se sent proche de leur directeur de campagne.

Les lois libérales doivent aider le marché, là elles aident juste le directeur d'une entreprise. On verra quelles suites seront données à cette affaire, mais c'est un vrai scandale d'état qui je l'espère va amener une meilleure règlementation du lobbying en France. Et qui posent de vraies questions éthiques autour de toute l'activité politico-économique de Macron. 

Modifié par Vistule
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Il y a 2 heures, Vistule a dit :

Euh... Il y a une différence ENORME entre être raccord avec une politique libérale et faire passer de laisser des lois écrites par des entreprises en ayant pleinement conscience de ça. Tout ça parce qu'il a décidé de faire le jeu d'une entreprise, dans le biais d'une grande campagne de communication menée par cette entreprise, qui par ailleurs piétine le droit français en terme de respect des travailleurs et d'imposition. Sans parler des économistes payés 100K€ pour fournir des fausses informations, elles-mêmes adoubées par un ministre. Le ministre de l'économie doit être là pour faire rentrer dans les caisses de l'état français, pas les vider pour booster les gains d'une entreprise tout ça parce qu'il se sent proche de leur directeur de campagne.

Les lois libérales doivent aider le marché, là elles aident juste le directeur d'une entreprise. On verra quelles suites seront données à cette affaire, mais c'est un vrai scandale d'état qui je l'espère va amener une meilleure règlementation du lobbying en France. Et qui posent de vraies questions éthiques autour de toute l'activité politico-économique de Macron. 

Ah mais je suis d'accord avec toi sur le fond, c'est clairement un scandale si tout est vrai.
Notre seul désaccord c'est que je ne crois pas une seconde que les pro-Macron vont lui en vouloir pour ça.
D'ailleurs je ne suis pas sur que ce sera traité dans les médias au même niveau qu'un scandale financier (Cahuzac) ou sexuel (Strauss Kahn)

  • Like 1
Posté(e)
il y a 2 minutes, Planino a dit :

Ah mais je suis d'accord avec toi sur le fond, c'est clairement un scandale si tout est vrai.
Notre seul désaccord c'est que je ne crois pas une seconde que les pro-Macron vont lui en vouloir pour ça.
D'ailleurs je ne suis pas sur que ce sera traité dans les médias au même niveau qu'un scandale financier (Cahuzac) ou sexuel (Strauss Kahn)

J'ai regardé sur FR2, c'est même pas dans les titres principal du JT. Sur Twitter, c'est largement derrière le #menthe, #NicolasKidman. 

Tu as raison, les gens sont tellement soumis au libéralisme outrancier qu'ils ne voient même plus où est le problème à ce qu'il n'y ait plus de frontière entre des entreprises versant des dividendes malgré une économie structurellement déficitaire et le ministère de l'économie

Il y a bien plus de Gollum que je ne le pensais dans le pays 😔

Posté(e)
il y a une heure, Vistule a dit :

J'ai regardé sur FR2, c'est même pas dans les titres principal du JT. Sur Twitter, c'est largement derrière le #menthe, #NicolasKidman. 

Tu as raison, les gens sont tellement soumis au libéralisme outrancier qu'ils ne voient même plus où est le problème à ce qu'il n'y ait plus de frontière entre des entreprises versant des dividendes malgré une économie structurellement déficitaire et le ministère de l'économie

Il y a bien plus de Gollum que je ne le pensais dans le pays 😔

Rien qu'à l'échelle du forum, ça fait moins de bruit que les écrits érotiques de Marlène Schiappa, donc bon :ninaj:

  • Haha 1
Posté(e)
Il y a 9 heures, Vistule a dit :

Macron a de la chance que ca tombe après les élections,  ça lui aurait coûté très cher. Très très très cher.

Bof. Sa base s'en fout dans les grandes largeurs et il est très facile de faire passer ce strapontin à Uber pour du pragmatisme permettant de mettre fin à des pratiques clientélistes qui bloquent le marché de l'emploi. C'est presque même le contraire, ça aurait pu lui valoir quelques voix de plus à droite. Alors c'est certes une occasion de le détester encore plus à gauche mais je crois que ça lui fait une belle jambe tant que ça n'incite pas les abstentionnistes à le mettre dehors. 

Le reste est sous contrôle, ne t'inquiète pas, ça va bien se passer. 

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Tout ça se sait depuis des années, le scandale c'est que ça mette des années à sortir.



Pendant la campagne 2017, j'avais montré (entre autre) cette vidéo à plein de gens, globalement avec la hype "nouveau bg du paysage politique français", les gens n'en avaient rien à foutre, même les politisés.

Comme il est dit plus haut, les récits érotiques de l'autre idiote font plus réagir que les thèmes pourtant primordiaux du quotidien des gens...
On vit une époque formidable, c'est fabuleux comme le niveau intellectuel régresse à vitesse grand V comme la fonte des glaces.

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Il y a 2 heures, elkjaer a dit :

Bof. Sa base s'en fout dans les grandes largeurs et il est très facile de faire passer ce strapontin à Uber pour du pragmatisme permettant de mettre fin à des pratiques clientélistes qui bloquent le marché de l'emploi. C'est presque même le contraire, ça aurait pu lui valoir quelques voix de plus à droite. Alors c'est certes une occasion de le détester encore plus à gauche mais je crois que ça lui fait une belle jambe tant que ça n'incite pas les abstentionnistes à le mettre dehors. 

Le reste est sous contrôle, ne t'inquiète pas, ça va bien se passer. 

Des médias se font chier à prouver que l'on vit en pleine kleptocratie technocratique et c'est tout ce que vous trouvez à dire... Des études biaisées largement répendues dans la presse par lobbying, ce dont le ministre de l'économie a parfaitement conscience, et la seule réponse c'est bof ? Les dirigeants de Uber avancent avec la devise "La violence garantit le succès" et ça paraît légitime ? Malgré cette culture de la violence, ils se montrent étonnés du niveau de soutien sans commune mesure de Macron et ça passe ? Tout ça pour une entreprise qui, rappelons-le, est toujours incapable de faire le moindre profit malgré des dividendes affolantes ? Le niveau de cynisme des réponses, c'est ahurissant. 

On se rattrape avec ce qu'on peut : si en France, tout le monde s'en fout, au moins il aura définitivement perdu toute crédibilité en Europe. Plus personne ne voudra marcher dans les pays d'un dirigeant ouvertement corruptible. Je ne pense pas non plus qu'il réussisse à trouver beaucoup d'alliés pour ses prochaines tentatives de "réforme".

Mention spécial, question cynisme, à l'économiste achetable. Son dernier livre est nommé « Le prix de nos valeurs ». Au moins, maintenant, on le connaît, le prix de ses valeurs..

Modifié par Vistule
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Premier article, celui sur la manière dont Uber a fait pression sur le gouvernement pour faire tomber les enquêtes les concernant :
 

« Uber Files » : comment Uber a tenté d’entraver les enquêtes et les perquisitions dans ses locaux avec la technique du « kill switch »

Par Martin Untersinger Publié aujourd’hui à 17h03, mis à jour à 17h11

Temps deLecture 9 min.Read in English

Réservé à nos abonnés

ENQUÊTE L’entreprise a utilisé, en France et dans d’autres pays, une technique lui permettant de verrouiller à distance ses ordinateurs lors des visites des forces de l’ordre, tout en multipliant les pressions politiques.

 
 
 

Le directeur juridique d’Uber pour l’Europe n’a même pas pris le temps de signer son e-mail. Ce 17 novembre 2014, alors que des agents de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sont en train de faire une descente dans les locaux parisiens de l’entreprise, Zac de Kievit se contente de quatre mots : « Coupez l’accès immédiatement. » Treize minutes plus tard, un des ingénieurs de l’entreprise l’informe s’être exécuté. Dans la foulée, le juriste rassure sa hiérarchie : « La DGCCRF a perquisitionné nos bureaux. L’accès a été coupé. »

Il n’a fallu que quelques minutes à Uber pour recourir à l’une de ses techniques les plus efficaces pour empêcher les Etats de mettre le nez dans ses affaires : celle que ses salariés surnomment en interne le « kill switch » (« bouton d’arrêt d’urgence »). Elle consiste à couper l’accès des ordinateurs d’une de ses filiales aux fichiers et systèmes internes du groupe afin d’empêcher les autorités – qui, en 2014 et 2015, perquisitionnent l’entreprise à intervalles réguliers – de récupérer les données qui les intéressent pour faire avancer leurs enquêtes concernant, selon les cas, une potentielle fraude fiscale, l’exercice illégal d’une activité de taxi ou le lien de subordination entre l’entreprise et ses chauffeurs.

Les « Uber Files » montrent qu’Uber, à l’initiative de ses plus hauts dirigeants, a utilisé cette technique à au moins douze reprises entre novembre 2014 et décembre 2015 pour tenter de déjouer des enquêtes judiciaires et administratives, dans plusieurs pays, dont la France. Dans certaines juridictions, y compris en France, où elle a été utilisée six fois, cette activité peut s’apparenter à de l’obstruction. Si certains usages de ce kill switch avaient déjà été évoquées dans la presse, les révélations du Monde apportent des détails inédits sur son utilisation, en particulier en France. Les documents que nous avons explorés contredisent surtout la défense d’Uber, qui a toujours expliqué collaborer avec les enquêteurs et nié devant la justice américaine s’adonner à de telles pratiques.

 

Concrètement, ce kill switch revêt deux aspects : la possibilité de couper l’accès d’un ou de plusieurs salariés aux outils internes de l’entreprise (documents, e-mails, bases de données…) mais également celle de verrouiller à distance les ordinateurs, qui deviennent inutilisables. Sur le papier, cette fonctionnalité peut être utilisée de manière légitime, en cas de vol ou de perte de matériel. Cependant, des centaines de messages internes que nous avons pu consulter montrent à quel point l’usage de ce procédé, devenu un réflexe en cas d’enquête diligentée contre l’entreprise, a été détourné.

Rapidité foudroyante

Le 6 juillet 2015, lorsque des agents de la direction nationale d’enquêtes fiscales, le bras armé du fisc, se rendent dans les locaux parisiens d’Uber, le principal lobbyiste européen de l’entreprise, Mark MacGann, suggère à un salarié d’utiliser le « manuel Zac de Kievit » : « Essaie quelques ordinateurs portables, aie l’air perdu quand tu n’arriveras pas y accéder, dis que l’équipe informatique est à San Francisco et en train de dormir. » La réponse de Thibaud Simphal, alors directeur d’Uber France, fuse : « On a utilisé cette technique tellement de fois que maintenant le plus dur c’est de continuer à avoir l’air surpris ! »

L’activation de ce mécanisme peut être d’une rapidité foudroyante : alors que des policiers français spécialisés pénètrent dans les bureaux parisiens d’Uber, le 16 mars 2015, par deux entrées différentes afin que personne ne puisse prendre la tangente, il ne faut que quelques secondes pour que tous les écrans de l’open space s’éteignent, comme privés d’électricité. Au sein d’Uber, le recours à ce kill switch est même un réflexe, y compris lorsqu’il est inutile : le 13 octobre 2015, les ordinateurs de deux salariés parisiens sont bloqués à distance à la vue d’agents de l’Urssaf… qui n’étaient pas là pour Uber, mais pour l’entreprise de sécurité de l’immeuble.

Pierre-Dimitri Gore-Coty, alors directeur d’Uber pour l’Europe de l’Ouest, à son arrivée au Palais de justice, à Paris, le 11 février 2016, lors du procès d’Uber et de ses dirigeants. GONZALO FUENTES/REUTERS

« Vous avez le code [de déverrouillage], espérons que tout le monde a un ordinateur propre » – Message de Zac de Kievit, juriste d’Uber, au directeur France

Les documents montrent que le 6 juillet 2015, à Paris, ce verrouillage à distance a même été activé en cours de perquisition. Après s’être aperçu que l’ordinateur de Pierre-Dimitri Gore-Coty, alors directeur d’Uber pour l’Europe de l’Ouest, a échappé à la déconnexion, et constatant que les enquêteurs « ont accès à tout » et « passent tout en revue », selon les mots de Thibaud Simphal, le mécanisme est à nouveau déclenché. « On dirait que l’accès a été coupé, ils ne peuvent plus avoir accès », écrit alors le directeur d’Uber en France à plusieurs de ses collègues. Dans un second temps, Uber tente de tromper les enquêteurs. Zac de Kievit fournit ainsi à M. Simphal le code de déverrouillage de son ordinateur en faisant le pari que ce dernier est vierge de toute donnée. « Vous avez le code, espérons que tout le monde a un ordinateur propre », explique ainsi M. de Kievit dans un SMS.

« Gagner du temps et appeler San Francisco »

Ce mécanisme est un instrument stratégique, dont l’utilisation est validée, voire encouragée, au plus haut niveau de l’entreprise. Ainsi, le 17 novembre 2014, lorsque le juriste Zac de Kievit doit informer sa hiérarchie que le kill switch a été enclenché à Paris, il écrit directement à Salle Yoo, la juriste en chef, à David Plouffe, vice-président d’Uber chargé des affaires publiques et de la stratégie, mais surtout à Travis Kalanick, le PDG de l’entreprise. Le 2 avril 2015, à Amsterdam, c’est Travis Kalanick lui-même qui ordonne d’utiliser le kill switch.

« La procédure en cas de visite des forces de l’ordre, c’était de gagner du temps et d’appeler San Francisco. Même s’il était 2 heures du matin là-bas, il y avait des gens censés réagir », explique aujourd’hui un ancien avocat européen d’Uber. « Toutes les fois où j’ai été impliqué personnellement dans ces activités, je suivais les ordres directs du management à San Francisco », confirme aujourd’hui Mark MacGann, l’ancien lobbyiste en chef de l’entreprise pour l’Europe. Contacté, Travis Kalanick a répondu par l’entremise d’une porte-parole que le kill switch était destiné à protéger l’entreprise contre des perquisitions illégales, qu’il « n’avait pas créé, dirigé ou supervisé ces systèmes mis en place par les services juridiques » et qu’il n’avait jamais été mis en cause à ce sujet par la justice.

Sollicité par Le Monde et ses partenaires, Uber assure ne pas disposer de kill switch « depuis que Dara Khosrowshahi est devenu PDG d’Uber en août 2017 » et coopérer avec les autorités. « Nous ne contestons pas le fait que ce type de logiciel ait pu être utilisé en France. Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, il n’aurait jamais dû être utilisé de la manière dont il l’a été. Aujourd’hui, nous traitons toute demande émanant des forces de l’ordre à la lettre et dans l’esprit de la loi », poursuit l’entreprise.

« L’accès aux outils a été coupé immédiatement, la police ne va pas pouvoir accéder à grand-chose » – Mark MacGann, lors d’une perquisition à Paris, le 16 mars 2015

Selon les documents que nous avons consultés, ces déconnexions ont, dans certains cas, atteint leur objectif et perturbé le travail des forces de l’ordre. Mark MacGann se félicite ainsi dans un courriel que les enquêteurs n’aient « pas pu accéder aux données sur [leurs] ordinateurs » grâce aux « procédures mises en place » après une perquisition à Amsterdam, le 26 mars 2015. Même satisfecit à Paris, après la perquisition des locaux, le 16 mars 2015. « L’accès aux outils a été coupé immédiatement, la police ne va pas pouvoir accéder à grand-chose », se réjouit Mark MacGann. Selon une source proche de l’enquête, cette déconnexion est « emmerdante » pour les policiers et la magistrate sur place, mais ne bloque pas totalement leurs travaux. Sollicité, l’ILT, le gendarme des transports qui a réalisé les perquisitions à Amsterdam, a affirmé que le kill switch n’avait pas causé de retard dans l’enquête. Le parquet néerlandais, lui, affirme avoir été « en mesure de récupérer les informations nécessaires ».

Le kill switch échoue parfois, comme à Bruxelles, le 12 mars 2015. Les équipes techniques d’Uber verrouillent à distance l’accès d’une poignée d’ordinateurs. Mais trop tard. Les forces de l’ordre semblaient conscientes de sa capacité de nuisance : les salariés ont d’abord été isolés avant qu’ils puissent « sonner l’alarme kill switch ».

Une forme de délit d’obstruction

L’utilisation de cet interrupteur pour faire obstacle à une enquête légalement diligentée peut s’apparenter en France à un délit d’obstruction de la justice prévu par le code pénal. Ce type de mécanisme « peut tomber sous le coup de la loi si on arrive à démontrer l’intention de procéder à une soustraction de preuve », confirme Sophie Sontag Koenig, maîtresse de conférences à l’université Paris-Nanterre et experte du numérique et du droit pénal. Ailleurs, en Europe, en particulier aux Pays-Bas, plusieurs experts interrogés indiquent que cette pratique pourrait aussi être illégale.

Lire notre archive (juin 2016) : Article réservé à nos abonnés Les taxis remportent une victoire contre Uber

Cela n’a pas empêché Uber d’utiliser cet interrupteur dans le cadre d’au moins cinq perquisitions différentes en France. Et ce, alors que cet outil semble rare : une demi-douzaine de sources judiciaires et policières haut placées et ayant mené des enquêtes économiques, criminelles et financières de grande envergure, sollicitées par Le Monde et ses partenaires, ont quasiment toutes affirmé n’avoir jamais été confrontées, dans leur carrière, à ce type d’agissements.

Thibaud Simphal, alors directeur d’Uber France, à son arrivée au Palais de justice, à Paris, le 11 février 2016. GONZALO FUENTES / REUTERS

Uber et ses salariés étaient au courant de cette possible illégalité. « Les avocats confirment qu’ils [les enquêteurs] peuvent tout demander, y compris des mots de passe et que, si on ne les donne pas, on peut être placé en garde à vue et être inculpé pour obstruction », s’alarme Thibaud Simphal auprès de plusieurs cadres de l’entreprise lors de la perquisition du 6 juillet 2015 à Paris. A la suite de celle menée à Amsterdam le 2 avril, Zac de Kievit est emmené au commissariat et interrogé. « Les questions se concentraient sur le fait de savoir si j’avais ordonné à quiconque de couper l’accès informatique dans le bureau. A la fin de l’entretien, l’ILT m’a indiqué que j’avais été inculpé en vertu de l’article 184 du code pénal néerlandais (c’est-à-dire obstruction à la justice) », écrit-il à ses collègues dans la foulée.

M. de Kievit a ensuite été condamné, pour avoir refusé de fournir des documents, mais pas pour avoir ordonné la déconnexion, à une amende de 750 euros. Un ancien avocat européen d’Uber assure que cette question était régulièrement abordée avec sa hiérarchie, sans succès : « Il y avait une mission plus importante : on a raison et tout le monde a tort. »

Les équipes à Amsterdam doivent privilégier les sauvegardes dans le cloud, dont l’accès est plus facile à couper. Les documents papier sont stockés dans un local à part.

Avant même l’utilisation du kill switch, les « Uber Files » montrent qu’Uber s’est organisé pour limiter les données récupérables par les enquêteurs. En mars 2015, le juriste en chef de l’entreprise pour l’Europe demande aux équipes basées à Amsterdam de ne conserver que le strict minimum de documents sur leurs ordinateurs et de privilégier les sauvegardes dans le cloud, dont l’accès est plus facile à couper. Il les informe également que tous les documents papier ont été envoyés dans un local loué pour l’occasion mais aussi qu’une liste exhaustive des employés a été réalisée afin que tous leurs ordinateurs soient débranchés en cas de besoin.

La carte du ministre

Toutes les stratégies pour faire échouer les perquisitions ne sont pas techniques. Les échanges que nous avons consultés montrent que les relations politiques d’Uber peuvent être mises à profit. C’est le cas en mars 2015, lorsqu’un des avocats néerlandais suggère de faire baisser la pression exercée par l’autorité administrative des transports en se plaignant directement auprès de son ministre de tutelle. Après une perquisition houleuse à Bruxelles le 12 mars, Mark MacGann envoie un message très agacé directement au ministre bruxellois responsable des transports, lui réclamant « une discussion ». Le jour même d’une perquisition à Amsterdam, le 26 mars 2015, le même Mark MacGann affirme que Neelie Kroes, commissaire européenne chargée de la concurrence puis des nouvelles technologies de 2004 à 2014, a intercédé au nom d’Uber auprès du gouvernement néerlandais et de la ministre chargée des transports, Melanie Schultz van Haegen.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Uber a 10 ans, du conte de fées à l’heure des comptes

La France est aussi concernée : lorsque les bureaux lyonnais de l’entreprise sont perquisitionnés, en novembre 2014, Mark MacGann suggère de manifester le mécontentement de l’entreprise auprès d’Emmanuel Lacresse, directeur adjoint de cabinet du ministre de l’économie, Emmanuel Macron, lors d’un rendez-vous justement programmé dans les jours qui suivent. Les dirigeants d’Uber France sont très remontés contre Bercy : Thibaud Simphal se plaint d’un « harcèlement » des autorités, alors même que, affirme M. MacGann à ses collègues, « Macron a donné instruction à son cabinet de discuter avec la DGCCRF afin qu’ils soient “moins conservateurs dans leur approche” ». Sollicitée, la DGCCRF nie toute pression exercée par le cabinet du ministre.

« Le ministre n’est jamais intervenu sur des procédures judiciaires quelles qu’elles soient concernant l’entreprise Uber. Pas plus que des consignes n’ont été données à la DGCCRF concernant spécifiquement Uber », a réagi auprès du Monde Emmanuel Lacresse, élu député (Renaissance) de Meurthe-et-Moselle en juin.

Cet événement n’est rien à côté des efforts qu’Uber va déployer le 6 juillet 2015, alors que des agents du fisc se présentent à Paris. Mark MacGann, qui n’est pas sur place, propose d’abord de s’adresser directement à eux par téléphone et de « brandir » ses échanges avec M. Macron et le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve. Alexandre Quintard Kaigre, le principal lobbyiste pour la France, lui, appelle deux conseillers du cabinet du ministre de l’intérieur, avant de joindre Emmanuel Lacresse et de tenter de contacter un quatrième conseiller ministériel au ministère du budget.

Mark MacGann envoie, lui, successivement des messages à Alexis Kohler, alors directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, puis, faute de réponse, au ministre de l’économie lui-même. Ce dernier a beau ne pas être l’autorité de tutelle des agents qui perquisitionnent Uber, le message soigneusement formulé qu’il lui fait parvenir ne laisse guère de doute quant à son objectif : « Désolé de vous embêter, mais descente en ce moment d’une vingtaine de fonctionnaires de la direction des finances publiques (budget). Ils disent qu’ils vont mettre dirigeants en garde à vue. (…) Nous avions l’espoir de pouvoir atteindre le fameux climat d’apaisement dès ce week-end. Pouvez-vous demander à vos services à nous conseiller ? » Mark MacGann s’en vante presque auprès de trois de ses plus proches collaborateurs : « J’ai demandé à Macron de faire en sorte qu’ils se retirent. »

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Il y a 4 heures, SienKo a dit :

Comme il est dit plus haut, les récits érotiques de l'autre idiote font plus réagir que les thèmes pourtant primordiaux du quotidien des gens...
On vit une époque formidable, c'est fabuleux comme le niveau intellectuel régresse à vitesse grand V comme la fonte des glaces.

Ça fait réagir parce que l'"affaire Schiappa/Minelli" sort de l'ordinaire et illustre le déclin des politiciens. Que Macron soit corrompu et que son électorat soit soumis à l'ordre établi médiatique et économique, ça ne surprend plus personne vu le nombre de scandales et de maladresses qui auraient dû lui valoir de démissionner ou de perdre en 2022. Pour une raison inconnue il ne fait pas partie des Giscard, Fillon, Bayrou, Sarkozy ou Hollande, mais de l'espèce des Bush, BHL, Chirac, Obama ou Mitterrand qui arrivent à se sortir indemnes des pires infâmies.

 Et puis t'as quand même deux êtres de ton niveau qui ont été les principaux contributeurs de la discussion sur Schiappa. C'est un peu léger pour te lancer dans des diatribes à la Macron sur l'illettrisme ch'ti ou la meilleure façon de se payer un costard cognitif...:rolleyes:

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