NicoPaviot Posté(e) 4 avril 2012 Posté(e) 4 avril 2012 Interview d'un des plus prolifiques attaquants de l'histoire Toulousaine. http://fr.wikipedia....i/Mahi_Khennane Il évoque notamment son passage chez nous et sa blessure infligée par Roger Lemerre. Interview. Redoutable attaquant du Stade rennais lespace de six saisons, et véritable mythe en Algérie, Mahi sest confié pour Stade Rennais Online. Entretien passionnant et exclusif de lune des légendes du football rennais et algérien. Stade Rennais Online : Vous avez entamé votre carrière au Gallia Club Mascara entre 1951 et 1956. Quels souvenirs gardez-vous de vos débuts dans le célèbre club Algérien ? Mahi : « Jai effectivement débuté ma carrière dans le club local de Mascara. Dabord au sein des différentes équipes de jeunes, dans les catégories cadets et juniors. Puis, alors que jai quinze/seize ans, je découvre les joies de léquipe première qui évolue déjà en D1 Algérienne. Cétait vraiment une grande fierté de pouvoir évoluer aux côtés des grands joueurs algériens de lépoque. Je me souviens quavant de disputer mon premier match, javais du mal à trouver le sommeil. Vous savez, lorsque jétais gamin, je navais pas beaucoup dargent et je grimpais sur les arbres pour voir mes premières idoles denfance. À cette époque, je jouais au football dans la rue comme au Brésil. Les villes nétaient pas dans la même configuration quaujourdhui. Il ny avait pas autant de voitures, alors on tapait dans le ballon toute la journée. Gamins, nous ne pensions quau football. Cétait le sport roi, ou en tout cas, le seul qui était relayé par les médias. Alors, défendre les couleurs du Gallia quelques années plus tard, était vraiment quelque chose dextraordinaire. Je ne garde que de très bons souvenirs de mes débuts ». SRO : Vous êtes ensuite recruté par Rennes à lintersaison 1956, où vous signez en tant que stagiaire. Quelles ont été les circonstances de votre venue au Stade rennais ? Mahi : « En fait, mon président de club en Algérie, Monsieur Bouziane, était pharmacien. Il avait dailleurs effectué ses études à Rennes, et sétait marié à une bretonne. Il passait régulièrement ses vacances en Bretagne, si bien quil avait gardé des contacts là-bas. À la vue de mes performances avec le Gallia, il voulait absolument que je tente ma chance en France. À lépoque, la situation en Algérie sest déjà dégradée et va déboucher sur la terrible guerre que lon connait. Du coup, il me disait quil valait peut-être mieux partir en France. Mais pour cela, il me fallait une autorisation parentale. Javais sympathisé avec un commissaire de police, qui était un grand amateur de football et un très grand supporter du Gallia. Il mappréciait beaucoup et sollicitait souvent ma maman, pour quelle signe lautorisation. Et puis, à la longue, ce fut chose faite. Ceci dit, je pense que sans laide de Monsieur Bouziane, je ne serai peut-être jamais venu en France ». SRO : Avant votre engagement, que connaissiez-vous du club de la capitale bretonne ? À lépoque, dautres clubs de lhexagone ont-ils sollicité vos talents de buteur ? Mahi : « Je ne connaissais rien ou presque du SRUC avant mon arrivée. Et surtout, je ne connaissais personne en Bretagne. Je navais dailleurs eu aucune sollicitation, ni contact avec un autre club français. À Rennes, jai dabord effectué un essai qui a duré une quinzaine de jours. Jai disputé quelques matches amicaux, puis mon essai a été finalement concluant. Au cours de mes premières semaines, jai senti de suite la différence entre le football algérien et français. En Algérie, nous faisions deux tours de terrain et jouions le match dans la foulée. Alors quen France, nous avions un gros travail foncier en amont. Pour lanecdote, jai dailleurs connu un grand coup de pompe au cours de ma première saison. En effet, je navais pas lhabitude de faire autant de travail physique. Du coup, javais expliqué à Henri Guérin que je ne me sentais pas très bien. Il mavait alors aménagé des séances dentraînement plus légères. Mon petit passage à vide sexpliquait certainement par les changements de climat et denvironnement. Vous savez, avant de venir à Rennes, je navais jamais quitté ma Maman. Et puis, je vivais tout seul à lépoque. Jétais fatigué moralement et physiquement. Mais heureusement, il y avait une grande ambiance au sein de léquipe. Nous étions une sorte de famille. Dailleurs, nous mangions ensemble tous les midis et soirs, au restaurant le Continental en face des halles. Nous nous retrouvions toujours au moins à dix joueurs. Parmi eux, André Ascencio, Yves Boutet, Antoine Pascual, Bernard Lambert, René Cédolin, Giovanni Pellegrini, etc. En plus, nous étions tous célibataires (rires). À lépoque, nous passions beaucoup de temps ensemble. Il y avait beaucoup plus damitié dans le football quà lheure actuelle. Nous faisions des concours de tarot, de baby-foot, etc ». SRO : Quels souvenirs avez-vous conservé de votre premier match avec léquipe fanion du SRUC, le 28 octobre 1956 à Sochaux (défaite 3-1) ? Mahi : « Je men souviens très bien. Ce jour-là, il faisait très froid à Sochaux. Je navais dailleurs jamais connu un climat aussi polaire. Javais les pieds tellement gelés que jétais incapable de courir. Pour tout vous dire, jai même pleuré dans les vestiaires après la rencontre. Jai dailleurs expliqué à Henri Guérin, que dans ces conditions, je retournerai en Algérie et que je ne resterai donc pas à Rennes. Ce froid glacial ma vraiment marqué. Ce fut un baptême du feu difficile en D1. Par la suite, je nai jamais aimé jouer dans le froid. Jai toujours préféré les temps humides et les terrains gras ». SRO : Pour votre première saison en D1, vous inscrivez 5 buts. Pourtant, le SRUC est relégué en seconde division. Quel a été votre ressenti à lépoque ? Mahi : « Jarrivais dAlgérie et je ne connaissais pas le football francais, mis à part à travers les Miroir Sprint et autres revues sportives. En Algérie, le football était plus technique et un peu moins physique. Mais globalement, je me suis plutôt bien acclimaté à la D1. En tout cas, jétais plutôt satisfait de mes performances et le club aussi ». SRO : À Rennes, vous avez côtoyé des grand joueurs tels quHenri Guérin, Antoine Cuissard ou Stanislas Dombeck notamment. Quavez-vous appris à leurs côtés ? Mahi : « Jai appris mon métier. Grâce à eux, jai essayé de maméliorer dans tous les domaines. Quand je suis arrivé à Rennes, je ne jouais que du pied droit. Pour perfectionner mon autre pied, Monsieur Guérin me retirait la chaussure droite. Il mobligeait à jouer essentiellement du pied gauche contre un mur. Henri Guérin était un grand bonhomme, un grand coach. Tout comme Antoine Cuissard, avec qui jai joué plusieurs saisons, et qui deviendra mon entraîneur quelques années plus tard. Lorsque je deviens meilleur buteur du club pour la première fois (NDLR : lors de la saison 1958-1959), cest en partie grâce à Théo, le numéro dix de lépoque. Jétais régulièrement servi sur un caviar par sa sublime patte gauche. Cétait un vrai régal de pouvoir jouer avec lui ». SRO : Rennes remonte en D1 à lissue de lexercice 1957-1958. Et dun point de vue personnel, vous explosez littéralement en inscrivant 14 buts. Quel a été le déclic ? Mahi : « Je crois surtout que cest le travail qui a été récompensé. Lorsque vous avez confiance en vos qualités, et que vous êtes bien entourés, tout se passe très bien. En plus, jétais très aimé par les supporters rennais, qui mencourageaient tout le temps. Cétait vraiment très appréciable de jouer pour eux. À ce moment-là, jétais très bien dans ma tête. Au départ, javais certainement toutes les qualités nécessaires pour réussir ; mais jai également toujours été honnête sur le terrain. Lorsque je rentrais sur le pelouse, je donnais toujours le maximum de ce que javais sous la chaussure. Je voulais toujours quitter le rectangle vert sans le moindre regret, et avec la sensation davoir tout donné pour mon équipe. Vous savez, les grands joueurs couraient plus que les autres. Il ny avait quà regarder jouer Roger Piantoni ou Just Fontaine pour sen persuader ». SRO : Lors de lexercice 1961-1962, vous marquez 18 buts en championnat et êtes élu meilleur joueur de France par le magazine France Football. Est-ce votre meilleure saison au plus haut niveau ? Mahi : « Jai en effet réalisé une excellente saison. Mes performances mont permis dêtre sélectionné en équipe de France. Il est vrai quà cette époque, jétais en plein boum. Tout me réussissait. Jai été très heureux et très flatté dapprendre que javais été élu meilleur joueur de D1. Mais vous savez, je suis quelquun de très timide. Je nai jamais voulu tirer la couverture vers moi. Limportant, cétait le collectif avant tout ». SRO : Vous avez finalement disputé sept saisons complètes chez les « Rouge et Noir » (entre 1956 et 1962) et marqué 88 buts pour le SRUC (toutes compétitions confondues). Quels ont été les meilleurs moments de cette époque stadiste ? Mahi : « Honnêtement, je pense que jai effectué plusieurs très bons matches. Il est donc difficile de mettre en valeur une rencontre plus quune autre. Ceci dit, je vais citer un Rennes-Marseille où nous gagnions trois buts à un (NDLR : le 14/09/1958). Ce soir-là, javais eu larcade sourcilière ouverte après un choc avec un joueur olympien. À la mi-temps, je suis recousu par les soigneurs stadistes. Jarbore finalement un grand pansement, lorsque je reviens sur la pelouse. Mais cela ne mempêche pourtant pas dinscrire un beau doublé. Je me rappelle aussi dun Rennes-Sedan que nous avons remporté trois buts à un, et au cours duquel javais inscrit mon premier triplé en France (NDLR : le 26/04/1959). Pour la petite histoire, mon adversaire direct était le père de Yannick Noah, Zacharie. Rennes, cest ma deuxième ville. Je nai gardé que des souvenirs exceptionnels, du temps où je défendais les couleurs du SRUC. Dailleurs, je côtoie toujours des copains de lépoque : Claude Dubaële, Louis Cardiet, Robert Rico notamment. Nous sommes toujours heureux de nous retrouver au stade. Dailleurs, je vais surtout voir les matches pour revoir les anciens. Cest toujours un plaisir de refaire le monde avec eux pendant deux heures ». « Jai eu le grand honneur de marquer un but à Lev Yachine » SRO : Vous avez eu la chance dêtre entraîné par Henri Guérin. Quavait-il de si spécial ? Mahi : « Cétait quelquun qui était très fort dans son approche du jeu et du travail physique. Il affirmait que bien préparé, nimporte quel joueur pouvait tenir deux heures sur un terrain. Il est dailleurs resté célèbre après avoir dit ceci : « Donnez-moi onze athlètes et jen ferai onze footballeurs ». Pour devenir professionnel, il faut être bon techniquement mais aussi physiquement. Il faut tenir la route et pouvoir cabaler pendant quatre-vingt dix minutes. Sans un physique irréprochable, même le meilleur des techniciens ne peut prétendre faire carrière. Cétait déjà vrai à mon époque, et ça lest encore plus à lheure actuelle. Le haut niveau, cest la complémentarité de ces deux facultés ». SRO : Vous avez été sélectionné à deux reprises en équipe de France, contre la Belgique le 18 octobre 1961 et face à la Bulgarie le 12 novembre 1961. Quels souvenirs gardez-vous de ces moments uniques dans une carrière de footballeur ? Mahi : « Cétait évidemment un gros moment de fierté. Représenter léquipe de France était quelque chose qui me tenait à cur. Au cours de mes deux sélections, je suis tombé sur des garçons vraiment sympathiques. On se défonçait sur le terrain, mais après le match, ça ne nous empêchait pas daller boire un coup tous ensemble. Jai toujours marché à laffectif, en partie grâce à Monsieur Guérin. Jai également eu la chance de jouer contre Pelé. En effet, Lyon devait rencontrer léquipe brésilienne de Santos dans le cadre dun match amical. Monsieur Ferdinand Maillet, le président lyonnais de lépoque, avait alors contacté le SRUC afin que je puisse participer à cette rencontre. Le patron de Ah! ah! me précise dailleurs quil va essayer quelques jeunes joueurs durant la rencontre. Il me demande également si je peux lui donner mon avis à lissue du match. Pour la petite histoire, les joueurs en question nétaient autres que Marcel Aubour, Fleury Di Nallo et Nestor Combin. Plus tard, alors que jévolue à Toulouse, jai la chance de disputer un match amical contre léquipe de Lev Yachine. Jai même le grand honneur de lui marquer un but !. Et puis avec Rennes, jai rencontré léquipe nationale dEspagne lors dun match amical à Saint-Sébastien. Elle comptait dans ses rangs : Puskás, Di Stephano, Gento et Santa Maria notamment ». SRO : Quest-ce qui vous a coûté une carrière internationale plus longue ? Mahi : « Je ne lai su que bien longtemps après, à vrai dire. Il savère quHenri Guérin avait contacté Albert Batteux, le sélectionneur de léquipe de France à lépoque, pour lui demander de ne plus me sélectionner. En fait, il voulait éviter que je crève lécran avec la sélection tricolore, et que je parte ainsi dans un autre club. Ceci dit, je nai aucune rancur vis à vis de Monsieur Guérin, vraiment ». SRO : Vous quittez finalement le SRUC à lintersaison 1962, pour rejoindre Toulouse. Pourquoi ? Quelles étaient les raisons de ce départ ? Regrettez-vous dêtre parti à ce moment-là ? Mahi : « Je suis arrivé à Rennes alors que je nétais encore quun gamin. Cest mon premier club professionnel, et je my suis fait beaucoup damis. Cest ma deuxième ville, et la Bretagne mon deuxième pays. Même si je nai pas eu vraiment de regrets, jen avais gros sur le cur pour les raisons que jai évoquées. En fait, jai senti que cétait le bon moment pour partir. En plus, jai quitté le Stade rennais en « rusant » un peu. Il faut savoir quà lépoque, si un joueur nobtenait pas laval de son président, il était condamné à rester à vie dans un même club. Personnellement, javais demandé à être placé sur la liste des transferts. Mais le président du SRUC ne voulait pas me laisser partir. Et puis un jour, le père de Dominique Blin me demande de venir le voir. It minforme quil a reçu des coups de téléphone de plusieurs clubs voulant sattacher mes services : Lyon, Marseille et Toulouse. Jai attendu ensuite un petit peu avant de retourner voir Monsieur Girard. Il maffirmait que je navais pas été sollicité par dautres clubs. Cest lui qui commandait, et sans son autorisation, cétait impossible de quitter Rennes. Finalement, Monsieur Jean-Baptiste Doumeng, le président de Toulouse alias le « Milliardaire rouge », en référence à sa fortune engrangée dans lagroalimentaire avec les pays de lEst, sest finalement mis daccord avec Monsieur Girard, en contrepartie du transfert dAlain Jubert vers le SRUC plus de largent. Du coup, jétais très heureux de pouvoir signer à Toulouse ». SRO : À Toulouse, vous jouez durant trois saisons et confirmez toute lentendue de votre talent. Considérez-vous avoir progressé en Haute-Garonne ? Mahi : « Oui, bien sûr. Jai progressé à Toulouse. Javais besoin dun nouveau cap pour franchir un palier. Jai effectué trois bonnes saisons dans la ville rose, surtout parce que jai toujours continué à travailler beaucoup. Malheureusement, je me suis gravement blessé en 1964. En effet, jai été durement touché par un tacle de Roger Lemerre qui jouait alors à Sedan. Jai de ce fait été arrêté pendant sept mois, à cause dun arrachement des ligaments. Jai traîné longtemps cette blessure par la suite. Je jouais de temps en temps, lorsque je le pouvais. Ceci dit, jai appris dernièrement en lisant le journal, que Pierre-André Gignac avait battu mon record de buts en une saison à Toulouse lors de la saison 2008-2009. Je ne pensais pas que javais marqué autant de buts (rires) ». SRO : Après deux courts passages à Nîmes puis au Red Star, vous signez à Lorient lespace dune saison (1967-1968), où vous retrouvez Antoine Cuissard notamment, et faites partie de la première équipe professionnelle du FCL. Ce périple morbihannais vous a t-il apporté dun point de vue personnel et footballistiquement parlant ?. Mahi : « Finalement, je me fais opérer à Paris par le docteur Lemerre, qui était le spécialiste des blessures aux genoux. À Lorient, jai retrouvé plein danciens joueurs du Stade rennais comme Jean-Pierre Darchen et Yves Boutet. Et puis, avec Antoine Cuissard aux manettes, nous nous sommes régalés sur le terrain. Dailleurs lors dun match amical, nous avions battu léquipe de Russie qui venait de terminer quatrième de la Coupe du Monde 1966. Cest vraiment un très bon souvenir. Après mon aventure lorientaise, lAS Brest me propose de venir les rejoindre. Je discute alors avec le président brestois des modalités de ma venue, et nous nous mettons finalement daccord. Mais à ma grande surprise, il mindique que ma première mission consiste à aller superviser deux joueurs algériens prometteurs. Je retourne donc dans mon pays dorigine, afin de visionner les performances dun joueur dAlger et un autre dOran. Là-bas, je rencontre le président de Mascara qui veut me faire revenir absolument au Gallia. Dans la foulée, je dispute un match amical avec le club algérien. Je reçois alors une belle offre, mais je persiste et précise que jai déjà signé un contrat à Brest. Je recontacte par la suite le président de lAS Brest qui ne souhaite pas saligner sur loffre du Gallia. Cest ainsi que je retourne dans mon club formateur ». SRO : Durant votre carrière, vous avez évolué aux côtés de très grands joueurs, lesquels vous ont le plus marqué ? Mahi : « Je vais en citer trois. Tout dabord Antoine Cuissard, qui lorsquil jouait, avait une incroyable « vista ». Un vrai régal de le voir sur le terrain. Théo, qui était lun des meilleurs techniciens que jai vu jouer. Il avait certainement le meilleur pied gauche du championnat. Et Yvon Goujon bien entendu. Nous étions comme deux frangins. Nous nous entendions à merveille. Cest une véritable amitié qui a perduré au fil des années ». SRO : Après lindépendance de votre pays dorigine, vous jouez également trois matches avec la sélection Algérienne et inscrivez même un but face à la RFA (futur finaliste de la CDM 1966) en janvier 1964, lors dun historique succès (2-0). Que cela vous a-t-il procuré ? Mahi : « Pour la réception de lAllemagne, le stade était archi-comble. Il y avait une ambiance phénoménale. Battre les allemands était un exploit pour une petite nation comme la nôtre. Ceci dit, nous avions une grande équipe. Tous les joueurs évoluaient en France. Ils se nommaient Ahmed Oudjani et Rachid Mekhloufi, pour ne citer queux. Il me semble dailleurs quil ny avait quun seul joueur algérien amateur sur le terrain. En tout cas, ça ma permis de ressentir une joie énorme, un grand bonheur ». SRO : Vous êtes un Dieu vivant en Algérie. Comment lexpliquez-vous ? Que représente ce statut dégérie à vos yeux ? Mahi : « Cest une immense fierté, un honneur même. Mais si je suis arrivé à ce niveau-là, cest dabord grâce à mes entraîneurs algériens, et à mon club, le Gallia. Je me devais vraiment de revenir et de les entraîner un jour (NDLR : Mahi a obtenu le titre historique de champion dAlgérie en 1984). Au Gallia, je pense que jai modestement déposer la marque Mahi. Jai toujours adoré le football léché. Cétait une idée fixe. Gagner, mais avec la manière si possible ». SRO : Vous retournez ensuite en Algérie, avant de prendre en main lUS Saint-Malo, puis les Cormorans de Penmarch (1973-1980). Petit club finistérien avec lequel vous réalisez une formidable épopée jusquen D3. Ce fut une grande aventure sportive et humaine ? Mahi : « Dans le Finistère, jai peut-être passé mes plus belles années dans le football. Jy ai rencontré des gens fabuleux, passionnés et extrêmement gentils. En plus, cest un coin magnifique, avec des paysages que je noublierai jamais. À lépoque, on jouait parfois devant 5000 spectateurs. On tenait tête à des équipes comme Quimper. Cétait juste extraordinaire. Javais une grande équipe et de très bons joueurs. Plusieurs dentre-eux auraient pu évoluer plus haut, au sein de lélite. Jen suis persuadé ». SRO : Que pensez-vous de la montée en puissance du football international algérien ? Quelle est votre position en ce qui concerne la question des bi-nationaux ? Mahi : « En Algérie, le football est le sport roi. Mais malheureusement la politique sportive ne suit pas toujours. Les clubs algériens ne sont pas assez structurés. Dun autre côté, les joueurs ne sont généralement pas assez sérieux ni assez disciplinés. Pourtant, il y a un super vivier là-bas. Beaucoup dentre-eux sont pétris de qualité, mais ils leur manquent un peu de discipline pour être encore meilleurs. Certains prennent également trop la vite la grosse tête. Cest dommage, car le potentiel des joueurs algériens est évident. En ce qui concerne la question de la bi-nationalité, ce nest pas un problème en soi. Personnellement, jai été heureux de pouvoir jouer pour les deux pays. Je pense que si les joueurs algériens ont les qualités pour, autant quils jouent et défendent les couleurs de léquipe de France de football. Sils nen ont pas assez, il est préférable quils acceptent de jouer pour leur pays dorigine. Je vais prendre lexemple de Yacine Brahimi. Je pense quil natteindra pas le niveau de léquipe de France, mis à part peut-être en espoirs. Alors je lui conseillerai de jouer pour lAlgérie ». SRO : Le championnat algérien est professionnel depuis seulement 2010 : la non-professionnalisation du championnat était-elle un obstacle à la compétitivité du football algérien dans son ensemble ? Pourquoi ? Mahi : « Jai vraiment limpression que le niveau du football algérien dans son ensemble a régressé. Il faut quil se structure et que les joueurs se préparent mieux en amont ». SRO : En ce sens, que pensez-vous de Vahid Halilhodić, actuel sélectionneur de la sélection algérienne ? Mahi : « Il faut quil puisse travailler sur la durée. Cest la condition sine qua non. Jusquà présent, il y a surtout eu un défilé dentraîneurs à la tête de la sélection algérienne. Je pense que la stabilité est la clé de la réussite. Il faut donner du temps au temps, comme on dit. Si au bout de quelques années, il ny a toujours pas damélioration, alors il sera toujours temps de lui trouver un successeur ». SRO : Vous navez pas évolué au sein de léquipe du FLN (Front de Libération Nationale). Pourquoi ? Mahi : « Pour tout vous dire, cest une histoire bien plus compliquée quelle en a lair. À cette époque, je jouais encore à Rennes. Un soir, je reçois la visite dun joueur algérien du Stade de Reims qui me dit : « Tu dois te présenter dans cinq jours à Genève ». Le rendez-vous était fixé un lundi je crois. Je lui ai alors répondu que ce nétait pas possible, car javais un match à disputer le samedi précédent à Saint-Étienne. À mon retour du Forez, deux policiers mattendent pourtant et affirment que je fais partie du FLN. Monsieur Girard intervient alors pour prendre ma défense et pour leur expliquer que je navais pas eu lintention de prendre la route pour Genève ». SRO : Mais quand même, le SRUC, cest LE club de votre carrière ? Mahi : « Le Stade rennais est mon club de cur. Jy ai passé de très bons moments. Je me suis fait tellement damis dans cette ville et dans ce club. Et puis, les gens mont vraiment bien accueilli. Ça ne soublie pas ». SRO : Aujourdhui, que devenez-vous ? Mahi : « Comme vous limaginez, je vis une retraite paisible. Je vois les copains de temps en temps. Je marrête boire un café. Je vais faire un petit tour en ville ». SRO : À lheure actuelle, côtoyez-vous toujours danciens joueurs du Stade Rennais ? Mahi : « Oui, toujours. Je vois régulièrement Loulou Cardiet, Yves Audigane, André Ascensio, Robert Rico aux matches du SRFC. Dailleurs, nous organisons un repas en juin, une fois par an. Et nous sommes toujours ravis de nous retrouver autour dune table ». SRO : De manière générale, quel regard portez-vous sur les performances rennaises depuis le début de la saison ? Mahi : « Je me demande parfois si le SRFC y arrivera un jour. Cest frustrant parce quil y a un très bon public et des infrastructures parfaites pour réussir. Pour toucher le Graal, le SRFC doit se renforcer tous les ans et garder ses meilleurs joueurs. Malheureusement, depuis quelques années déjà, le club doit se reconstruire à chaque intersaison. Cette année encore, Yann Mvila va partir et laisser orphelin le milieu de terrain rennais. Cest vraiment dommage. Je pense que le club doit sinspirer de Lyon. Léquipe rhodanienne est un bel exemple à suivre, et démontre que la stabilité a payé. Rennes ne peut pas laisser partir deux/trois joueurs tous les ans, et réussir des belles choses par la suite ». SRO : Que pensez-vous de Frédéric Antonetti ? Est-il lentraîneur qui sera capable de faire franchir le fameux palier qui sépare le club du statut de prétendant à lEurope à prétendant au titre ? Mahi : « Comme je le dis souvent, ce nest pas un entraîneur qui fait léquipe, mais léquipe qui fait un entraîneur. Il faut lui donner les moyens de réussir et que les joueurs donnent le maximum sur le terrain. Ils ne doivent jamais sortir du terrain avec des regrets. Le Stade rennais devrait prétendre à mieux, surtout que le niveau général de la Ligue 1 a baissé ces dernières années ». Merci à Mahi pour sa disponibilité. http://www.stade-ren...-tres-bons.html Citer
Le_saint Posté(e) 5 avril 2012 Posté(e) 5 avril 2012 Merci pour cette belle interview. Malheureusement l'histoire ne dit pas si le docteur Lemerre qui a opéré son genou et Roger Lemerre qui le lui a démonté sont de la même famille.^^ Citer
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